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Le groupe de contact sur la Libye affiche sa détermination

Insurgés libyens près d'Ajdabiah, dans l'est du pays. Réunis à Doha, au Qatar, les ministres des Affaires étrangères du "groupe de contact" sur la Libye ont estimé mercredi que la pression devait être maintenue sur Mouammar Kadhafi pour qu'il quitte le po

Insurgés libyens près d'Ajdabiah, dans l'est du pays. Réunis à Doha, au Qatar, les ministres des Affaires étrangères du "groupe de contact" sur la Libye ont estimé mercredi que la pression devait être maintenue sur Mouammar Kadhafi pour qu'il quitte le po - -

La pression doit être maintenue sur Mouammar Kadhafi pour qu'il quitte le pouvoir et il faut fournir une aide matérielle aux rebelles qui se battent contre lui depuis deux mois, ont estimé mercredi les ministres des Affaires étrangères du "groupe de contact" sur la Libye.

Les ministres et des représentants du Conseil national de transition (CNT) de la rébellion libyenne s'étaient donné rendez-vous à Doha, au Qatar.

Constitué lors de la conférence de Londres le 29 mars, le "groupe de contact" est chargé de piloter l'aspect politique de l'intervention alliée destinée à protéger la population civile contre les attaques des forces du colonel Kadhafi.

"Les participants sont restés fermes et unis quant à leur détermination (...) Kadhafi et son régime ont perdu toute légitimité et celui-ci doit quitter le pouvoir pour permettre au peuple libyen de décider seul de son propre avenir", dit un communiqué final dont Reuters s'est procuré une copie.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a abondé dans ce sens, appelant toutefois de ses voeux une solution politique.

"Nous espérons qu'on s'achemine vers un cessez-le-feu mais un vrai cessez-le-feu. Pas simplement l'arrêt des tirs mais le retrait des troupes de Kadhafi", a-t-il dit à la presse.

Au-delà de cette déclaration, le langage utilisé dans le communiqué final indique une plus grande fermeté que celle affichée il y a deux semaines, lors de la première réunion du groupe de contact.

Les critiques répétées de Londres et Paris ces derniers jours, notamment sur l'intensité des frappes de l'Otan, ne sont peut-être pas étrangères à ce changement de position.

"SITUATION ÉPOUVANTABLE DANS L'EST"

Parallèlement à cela, les membres du "groupe de contact" font savoir qu'ils se sont mis d'accord avec les représentants du CNT pour réfléchir à la mise en place d'un "mécanisme de financement temporaire", faisant référence à une idée qui a circulé ces derniers jours sur la création d'un fonds spécial.

Ce fonds pourrait permettre aux rebelles d'avoir un accès limité aux avoirs du régime libyen, de la Banque centrale et du fonds souverain de Tripoli, gelés depuis un mois par les pays occidentaux, les Nations unies et l'Union européenne.

Interrogé sur cette proposition, le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, s'est montré sceptique avant la réunion du groupe, dont le prochain rendez-vous a été fixé à la première semaine de mai en Italie.

"La question est: est-ce légal ? La réponse, c'est qu'on ne le sait pas. Nous devons voir à qui appartient cet argent, c'est quelque chose dont on devra discuter", a dit Guido Westerwelle.

De leur côté, en Libye, les rebelles ont indiqué qu'ils souhaiteraient exporter davantage de pétrole afin de financer des approvisionnements en nourriture et en médicaments, dont le pays manque cruellement depuis des semaines. Mais les pays européens, clients potentiels, se montrent toutefois réticents.

"Nous faisons face à une situation épouvantable dans l'Est. Manque de nourriture, de carburant, il n'y a aucune source de revenus mis à part le pétrole", a déclaré à Reuters un représentant des rebelles chargé de coordonner les livraisons en tout genre en provenance de l'étranger.

"Les réserves d'argent ont beaucoup diminué et il faut régler cette question afin d'éviter de faire souffrir la population", a dit ce rebelle, Aref Ali Nayed, joint par téléphone.

"AUJOURD'HUI ÇA VA BIEN"

Les rebelles contrôlent actuellement une production équivalente à 100.000 barils de brut par jour, a dit un porte-parole du CNT, Mahmoud Aouad Chamam, tout en estimant qu'ils n'en exportent qu'une "quantité infime".

Un responsable italien, dont le pays était le plus grand importateur de pétrole libyen avant l'intervention militaire du 19 mars lancée sous mandat de l'Onu, a fait savoir qu'une reprise des échanges ne pourrait se faire sans violer les sanctions internationales imposées à Tripoli récemment.

Sur le plan militaire, les combats se poursuivent. Selon la télévision publique, les avions de l'Otan ont mené des raids sur Tripoli et sur Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi.

La TV libyenne a accusé le Qatar et les Emirats arabes unis, deux pays arabes qui se sont joints à la coalition occidentale, de financer ces bombardements. Elle a par ailleurs affirmé que la caserne Bab al Azizia -quartier général de Kadhafi à Tripoli- avait été visée par une attaque aérienne.

De leur côté, les rebelles libyens ont fait état de violents combats dans le centre et l'est de la ville de Misrata. "Aujourd'hui ça va bien, les rebelles enregistrent des succès (...) et on peut voir des colonnes de fumée s'élever des positions gouvernementales", a déclaré un porte-parole des insurgés, Gemal Salem.

Concernant la situation militaire, un retour des Etats-Unis dans les opérations menées par l'Otan en Libye serait positif mais pas déterminant, a dit à Bruxelles un responsable français sous le sceau de l'anonymat. Selon lui, l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas et la Suède ont la capacité d'accroître leur contribution aux opérations militaires de l'Alliance atlantique.

A l'heure actuelle, seuls six pays parmi les 28 membres de l'Otan participent activement aux frappes au sol en Libye - France, Grande-Bretagne, Danemark, Norvège, Belgique et Canada - et Paris et Londres assurent à eux seuls 50% des sorties.

John Irish, Adrian Croft et Humeyra Pamuk à Doha, Maria Golovnina à Tripoli, Julien Toyer à Bruxelles, Olivier Guillemain pour le service français, édité par Gilles Trequesser