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La France combine pression militaire et contacts en Libye

Le Quai d'Orsay, siège du ministère français des Affaires étrangères. La France combine poursuite de la pression militaire sur Mouammar Kadhafi et contacts avec des représentants du régime libyen pour tenter d'accélérer l'issue d'un bras de fer coûteux, q

Le Quai d'Orsay, siège du ministère français des Affaires étrangères. La France combine poursuite de la pression militaire sur Mouammar Kadhafi et contacts avec des représentants du régime libyen pour tenter d'accélérer l'issue d'un bras de fer coûteux, q - -

par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - La France combine poursuite de la pression militaire sur Mouammar Kadhafi et contacts avec des représentants du...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - La France combine poursuite de la pression militaire sur Mouammar Kadhafi et contacts avec des représentants du régime libyen pour tenter d'accélérer l'issue d'un bras de fer coûteux, qui va entrer dans son cinquième mois.

Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a démenti lundi toute négociation directe mais confirmé que la France passait des "messages" au régime libyen, en liaison avec ses alliés et le Conseil national de transition (CNT) basé à Benghazi, qui regroupe l'opposition libyenne.

"Ces messages sont simples et sans ambiguïté : toute solution politique passe par le retrait de Kadhafi du pouvoir et son renoncement à tout rôle politique", a ajouté Bernard Valero.

Le ministre des Affaires étrangères a pour sa part dit à Nouakchott, en Mauritanie, que la France, chef de file avec le Royaume-Uni de la coalition qui appuie les rebelles libyens, entendait maintenir la pression militaire.

"Il faut maintenir la pression militaire puisque, apparemment, Kadhafi a du mal à comprendre ce qui doit se passer pour lui", a-t-il déclaré.

Il a cependant réaffirmé que la France cherchait simultanément "depuis des semaines" une solution politique.

Celle-ci, a-t-il précisé, repose sur un retour des troupes de Mouammar Kadhafi dans leurs casernes, un engagement de ce dernier à "s'écarter du pouvoir", un dialogue national sous l'égide du CNT, y compris avec les partisans du régime actuel prêt à se séparer du colonel, et une feuille de route prévoyant une transition démocratique, avec des élections.

ÉMISSAIRES LIBYENS

La France est en contact avec des représentants du régime de Mouammar Kadhafi, qui envoie des émissaires tous azimuts, et Paris adresse ses messages à Tripoli par leur intermédiaire, confirment des sources diplomatiques françaises.

"On est en train d'accélérer la préparation de l'après-Kadhafi", explique Bernard Valero à Reuters.

L'Elysée dit n'avoir "aucune information à donner sur ce sujet". Mais, selon une source familière du dossier, Nicolas Sarkozy a reçu il y a un mois le chef de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bachir Saleh. L'entretien a cependant tourné court quand l'émissaire libyen a émis l'hypothèse que Mouammar Kadhafi reste au pouvoir jusqu'à l'organisation d'élections.

Ce serait le seul émissaire de Mouammar Kadhafi reçu à ce jour par le président français, précise la même source, selon laquelle les contacts ont continué par l'intermédiaire d'un ancien des services de renseignement, d'un membre de la société civile et d'une "personnalité étrangère".

Ces intermédiaires, qui ne rendraient compte qu'au chef de l'Etat, auraient rencontré à plusieurs reprises des émissaires libyens à Paris et en Tunisie et une fois à Bruxelles. Mais, à ce jour, ces discussions n'ont guère été plus qu'un "dialogue de sourds", ajoute-t-on de même source.

Le ministre français de la Défense a semé le trouble ce week-end en laissant entendre que le départ de Mouammar Kadhafi pourrait ne plus être un préalable aussi strict qu'auparavant.

Prié par BFM-TV de dire si des négociations entre les protagonistes de la crise libyenne pourraient avoir lieu "même si Kadhafi n'est pas parti", Gérard Longuet a répondu : "Il sera dans une autre pièce de son palais, avec un autre titre."

PARTIR MAIS OÙ ?

Plus tard, Saïf al Islam, fils du dirigeant Libyen, déclarait à la presse algérienne que Tripoli négociait avec la France les conditions d'un cessez-le-feu.

Les propos de Gérard Longuet sont-ils le reflet d'une réalité non avouable à ce stade, relèvent-ils de la maladresse ou reflètent-ils une inquiétude, chez les militaires français, de voir leur potentiel par trop entamé si les opérations sur le théâtre libyen continuent plusieurs mois ?

La France assure 30% à 40% des frappes contre les forces de Kadhafi et le gouvernement demandera au Parlement d'autoriser mardi le prolongement de ces opérations.

L'entourage du ministre de la Défense prenait soin lundi de préciser que, "pour Gérard Longuet, il est clair que Kadhafi n'a plus sa place comme dirigeant du pays" et qu'il n'y avait "pas d'inflexion de la position de la France".

Les dirigeants français n'ont de cesse de dire que le sort ultime de Mouammar Kadhafi, objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, relève des Libyens eux-mêmes.

Il est cependant douteux que Nicolas Sarkozy, qui demande depuis le début le départ du numéro un libyen, se satisfasse d'une demi-mesure qui ne manquerait pas d'être interprétée comme un demi-échec, à neuf mois de l'élection présidentielle de 2012.

"Il est impensable pour lui que Kadhafi reste en Libye ou dans un pays limitrophe", dit une source familière du dossier.

Avec John Irish et Laurent Prieur à Nouakchott, édité par Yves Clarisse