BFMTV
Afrique

L'UE prend des sanctions contre Gbagbo, la tension monte

L'Union européenne a décidé d'imposer des sanctions ciblées contre le président de la Côte d'Ivoire sortant, Laurent Gbagbo (photo), qui conteste à son adversaire Alassane Ouattara la victoire à l'élection présidentielle du 28 novembre. /Photo prise le 4

L'Union européenne a décidé d'imposer des sanctions ciblées contre le président de la Côte d'Ivoire sortant, Laurent Gbagbo (photo), qui conteste à son adversaire Alassane Ouattara la victoire à l'élection présidentielle du 28 novembre. /Photo prise le 4 - -

par Julien Toyer et Ange Aboa BRUXELLES/ABIDJAN (Reuters) - L'Union européenne a décidé lundi d'imposer des sanctions ciblées contre le président...

par Julien Toyer et Ange Aboa

BRUXELLES/ABIDJAN (Reuters) - L'Union européenne a décidé lundi d'imposer des sanctions ciblées contre le président de la Côte d'Ivoire sortant, Laurent Gbagbo, qui conteste à son adversaire Alassane Ouattara la victoire à l'élection présidentielle du 28 novembre.

Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-sept, réunis à Bruxelles, ont décidé d'entamer sans délai le processus visant à geler les avoirs et à interdire de visa vers l'Europe toutes les personnes qui "font obstruction aux processus de paix et de réconciliation nationale et en particulier menacent le bon aboutissement du processus électoral".

"Ces mesures (...) cibleront notamment les responsables qui ont refusé de se placer sous l'autorité du Président démocratiquement élu, dont une première liste devrait être adoptée rapidement", précise le texte soutenu par l'ensemble des Etats membres de l'UE.

Le bloc communautaire a par ailleurs chargé la Haute représentante pour les Affaires étrangères de l'UE, Catherine Ashton, de proposer des mesures en soutien d'Alassane Ouattara.

La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, est dans une impasse politique depuis deux semaines et la communauté internationale redoute de nouveaux affrontements violents entre groupes rivaux, comme en 2002 et 2003.

SOLDATS IVOIRIENS FACE AUX CASQUES BLEUS

Signe d'une tension croissante sur le terrain, une vingtaine de soldats des forces gouvernementales armés de mitrailleuses et de lance-grenades se sont déployés, lundi à Abidjan, autour de l'hôtel gardé par des casques bleus de l'Onu qui sert de quartier général à Alassane Ouattara et à ses partisans, a rapporté un journaliste de Reuters.

L'armée, qui a fait allégeance à Laurent Gbagbo, n'a fait aucun commentaire sur ce déploiement.

Un porte-parole de Ouattara a dit qu'il avait été précédé d'une première tentative des militaires d'installer un poste de contrôle près de l'hôtel du Golf mais que les forces rebelles qui soutiennent Ouattara s'y étaient opposées.

"Les rebelles des Forces nouvelles ont démantelé le poste de contrôle. Il y a eu des tirs, mais ils ont tiré en l'air", a déclaré par téléphone le porte-parole, Patrick Achi.

Selon le représentant spécial de l'Onu en Afrique de l'Ouest, Y.J. Choi, les casques bleus stationnés à l'hôtel du Golf ont pour ordre de protéger "à tout prix" Alassane Ouattara et son gouvernement parallèle.

Laurent Gbagbo, qui s'est maintenu au pouvoir cinq ans après le terme de son mandat à mesure que le scrutin présidentiel était repoussé, rejette les pressions exercées sur lui en les qualifiant d'ingérences étrangères. Il garde le contrôle de la télévision, des bâtiments officiels et des forces de sécurité.

Comme l'UE, les Etats-Unis, l'Union africaine, la Cedeao et le Conseil de sécurité des Nations unies ont tous reconnu la victoire d'Alassane Ouattara. Le président américain Barack Obama s'est dit lui aussi prêt à prendre des sanctions envers Laurent Gbagbo si celui-ci s'accroche au pouvoir.

Le Fonds monétaire international a de son côté indiqué qu'il n'offrirait aucune coopération dans le cadre d'un programme d'aide internationale de trois milliards de dollars tant que le gouvernement actuel ne se serait pas effacé.

Jeudi dernier, la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, avait jugé important de maintenir une "pression" internationale tout en considérant prématuré de parler de sanctions. Elles ne les avait cependant pas exclues. La ministre française n'était pas à Bruxelles lundi pour la réunion mensuelle des ministres des Affaires étrangères.

Avec Justyna Pawlak à Bruxelles, Philippe Bas-Rabérin pour le service français, édité par Gilles Trequesser