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L'Afrique de l'Est menacée par des essaims géants de criquets

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La corne de l'Afrique se prépare à vivre une grave crise humanitaire. Des essaims de 200 milliards de criquets détruisent toutes les cultures agricoles sur leur passage, avalant 400.000 tonnes de nourriture par jour.

Les essaims de criquets font la taille du Luxembourg. Depuis septembre, ils dévastent tout sur leur passage dans la corne de l’Afrique. Quatre pays sont touchés: le Kenya, la Somalie, l’Ethiopie et l’Ouganda. 

D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation, la FAO, le Kenya n’avait pas fait face à une crise aussi importante depuis 70 ans ; 25 ans pour l’Ethiopie et la Somalie.

Une crise alimentaire est à craindre

"Un nuage de cette taille mange l’équivalent de ce que mangent 80 millions de personnes par jour", explique Dominique Burgeon, directeur des urgences à la FAO. 

Ils parcourent 150 kilomètres par jour et détruisent les cultures des populations dans leur sillage, mettant en danger la sécurité alimentaire de toute la région. 

"Nous dépendons beaucoup de cette saison de récolte. Nous craignons que les criquets la détruisent et que nous restions affamés le restant de l’année", s’inquiète Esther Kithuka, une agricultrice kényane. 

Endiguer le phénomène au plus vite

La corne de l’Afrique a déjà fait face à des sécheresses et des inondations ces derniers mois, ce qui laisse présager une grave crise humanitaire. 

"Plus de 11 millions de personnes au Kenya, en Éthiopie et en Somalie souffrent déjà d'une insécurité alimentaire aiguë. Les criquets menacent d'aggraver les choses", prévient la FAO sur Twitter

Samedi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté la communauté internationale à agir au plus vite :

"Je demande à la communauté internationale de répondre avec rapidité et générosité afin d'assurer une réponse efficace et de contrôler l'infestation tant que nous en avons encore la possibilité."

Si rien n’est fait, le nombre de criquets pèlerins pourrait être multiplié par 500 d’ici le mois de juin. Au Kenya, des pesticides sont pulvérisés sur ceux qui sont encore au stade de nymphes et ne volent pas encore. En cas d'invasion, le Burundi prévoit plutôt un ramassage à la main. Peu importe la méthode, les autorités prennent le problème à bras le corps.

Les changements climatiques responsables

Ces essaims sont apparus à la suite de variations climatiques extrêmes, notamment après qu'un cyclone a frappé les côtes du Yémen. 

"Les fortes pluies causées par le cyclone ont engendré une prolifération de la végétation dans les zones semi-désertiques, habitat des criquets pèlerins. Ces conditions ont favorisé leur multiplication", explique Cyril Piou, écologue spécialiste des dynamiques de populations d’acridiens, sur le site du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

L'Afrique de l'Est est particulièrement touché par le changement climatique, ce qui rend les populations qui y vivent encore plus vulnérables.

Camille Sarazin