Inquiète, la France veut une issue rapide en Côte d'Ivoire

PARIS (Reuters) - La France a plaidé vendredi pour un départ rapide du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo afin de mettre fin aux violences à Abidjan, qui inquiètent la communauté française sur place.

Alors que la situation évolue rapidement sur le terrain, une réunion sur la Côte d'Ivoire est prévue en fin d'après-midi à l'Elysée autour du président Nicolas Sarkozy, en présence du Premier ministre, François Fillon, et des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Alain Juppé et Gérard Longuet.

Le rapatriement des quelque 12.200 Français de Côte d'Ivoire n'est pas prévu dans l'immédiat. Un demi-millier de personnes fuyant les pillards, dont 150 Français, se sont réfugiées jeudi soir dans le camp militaire français de Port-Bouët, à Abidjan.

Interrogé sur le départ de Laurent Gbagbo, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a répondu: "Le plus tôt sera le mieux." "Le peuple ivoirien a attendu trop longtemps", a ajouté Bernard Valero lors d'un point de presse.

Selon lui, la France ne sait pas où se trouve actuellement Laurent Gbagbo, qui est supposé être soit dans sa résidence, soit au palais présidentiel distant d'une dizaine de kilomètres.

Paris n'a "pas d'informations définitives sur ce qui se passe à la présidence et à la résidence", a dit Bernard Valero.

Une source française, citée par le journal Le Monde daté du 2 avril, affirme que les forces d'Alassane Ouattara auraient occupé la résidence du président sortant dans la nuit et constaté qu'il n'était pas là. Selon le site internet de l'hebdomadaire Jeune Afrique, Laurent Gbagbo aurait déjà quitté les lieux pour une destination inconnue.

OÙ EST GBAGBO ?

"C'est faux, totalement fantaisiste", a dit à Reuters Toussaint Alain, conseiller de Laurent Gbagbo, joint par téléphone à Paris. "Il est toujours en Côte d'Ivoire au poste de commande d'où il dirige la résistance".

Au terme d'une très rapide offensive vers le Sud, les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) fidèles à Alassane Ouattara sont arrivées jeudi à Abidjan avec l'intention d'évincer Laurent Gbagbo.

Le chef de l'Etat sortant refuse de céder le pouvoir à son rival, reconnu vainqueur de l'élection présidentielle du 28 novembre par la quasi-totalité de la communauté internationale.

Des milliers de personnes ont été tuées ou blessées dans les violences post électorales en Côte d'Ivoire, a déclaré jeudi le Comité international de la Croix-Rouge.

A Abidjan, la situation est "pleine d'incertitudes et de risques" selon Paris. Des patrouilles sont assurées par les soldats de Licorne, la force française sous mandat de l'Onu déployée sur place.

"Il y a un vide sécuritaire de la part des forces de sécurité ivoiriennes, donc ça ouvre la porte aux pillards de tous bords qui rôdent dans les rues", a dit le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées.

Selon lui, "les Français ne sont pas spécifiquement visés". Néanmoins, les écoles françaises d'Abidjan sont fermées depuis jeudi, la date du début des vacances de Pâques ayant été avancée en raison des troubles.

S'il n'est pas question de rapatriement pour l'heure, "nous sommes prêts à prendre toute mesure nécessaire pour assurer la sécurité de nos ressortissants", a dit Bernard Valero.

Selon un dernier décompte du ministère des Affaires étrangères, le nombre de Français en Côte d'Ivoire est évalué à 12.200 personnes, dont 11.800 à Abidjan. Environ 7.300 ont la double nationalité.

Bernard Valero a appelé de ses voeux une issue pacifique à la crise et souhaité que l'équipe d'Alassane Ouattara "se mette au travail au plus vite, dans un esprit de réconciliation".

Elizabeth Pineau, avec John Irish et Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser