BFMTV
Afrique

Gabon: la victoire d'Ali Bongo à la présidentielle enflamme le pays

La victoire controversée d'Ali Bongo, fils d'Omar, à l'élection présidentielle a mis Libreville à feu et à sang, dès mercredi soir. Le QG, de Jean Ping, principal opposant qui revendique la victoire contre les résultats officiels, a été attaqué pendant la nuit et l'Assemblée nationale incendiée.

Il règne un parfum de guerre civile à Libreville, au Gabon, après la victoire contestée d'Ali Bongo à l'élection présidentielle. Dès l'annonce des résultats mercredi, les deux candidats ou leur entourage s'étaient auto-proclamés vainqueurs. Après le vote dans la sérénité de samedi, des heurts ont finalement éclaté entre les partisans du président officiellement reconduit et ceux de son opposant, Jean Ping. Le point sur une situation explosive après une nuit d'émeutes.

> Pourquoi les heurts ont éclaté?

Un scrutin contesté. L'élection présidentielle dont les résultats ont été proclamés mercredi est remise en cause par l'opposition. Le président sortant en passe de se lancer dans un second septennat s'appuie sur les résultats de la commission électorale qui le donne vainqueur à 49,80% contre 48,23% pour son rival.

Un résultat contesté. Vu l'écart marginal de 5.594 voix, le challenger Jean Ping affirme que la victoire lui a été volée. Et ce d'autant qu'Ali Bongo devrait sa réélection à son score écrasant dans à son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation.

> Quel est le bilan?

Un bilan humain incertain. Alors que l'opposition affirme qu'il y aurait deux morts à déplorer et plusieurs blessés dans l'attaque nocturne de son QG, un autre bilan de six blessés par balle est, pour l'heure, avancé. Il pourrait évoluer dans les heures qui viennent.

  • Une nuit d'émeutes. Les forces de sécurité préventivement déployées dans la ville dès mardi sillonnaient la ville tandis que des tirs étaient entendus. L'Assemblée nationale était en flammes.

Le QG de Jean Ping attaqué. Selon le principal opposant au pouvoir en place, l'attaque est l'œuvre des forces gouvernementales qui, pour leur part, affirment poursuivre les "criminels" responsables de l'incendie de l'Assemblée. Jean Ping a démenti ces accusations affirmant qu'il n'y avait "aucune arme au QG" et demandé une aide internationale.

> Qui sont les deux protagonistes?

Ali Bongo Ondimba. Il est le fils d'Omar Bongo qui a régné sans partage sur le pays pendant 41 ans jusqu'à sa mort en 2009. L'homme de 57 ans est accusé par l'opposition de vouloir perpétuer la dynastie instaurée par son père.

Jean Ping. Ex-baron du régime du président Omar Bongo, opposant tardif après l'élection de son fils en 2009, Jean Ping prétend mettre fin au règne de la famille au pouvoir depuis 1967. La campagne s'était déroulée dans un climat délétère, l'opposition affirmant qu'Ali Bongo est de fait un enfant du Nigeria adopté par son père Omar, et qu'il ne peut exercer à ce titre le pouvoir selon la Constitution.

> Pourquoi est-ce un enjeu pour la France?

  • Des intérêts économiques. D'une part, le Gabon pays est un important fournisseur de pétrole (50% du PIB depuis les années 70). Du manganèse et de l'uranium sont également extraits de son sol. De nombreuses entreprises françaises sont présentes sur place dont Total, Bolloré ou Castel (spécialiste de la bière et du vin).

De nombreux ressortissants français. Il y aurait selon plusieurs estimations entre 10.000 et 18.000 Français présents sur place. Le français est la langue officielle du pays.

La France demande la transparence. Dès mercredi soir, la diplomatie française demandait à ce que "tous les résultats des bureaux de vote soient publiés" et disait sa "préoccupation" face à la situation. Appelant jeudi matin "à la plus grande retenue", Jean-Marc Ayrault averti que "dans le cadre d'un processus électoral, il n'y a aucune place pour la violence". Paris et la chef de la diplomatie de l'UE, Fédérica Mogherini, suivis par Washington, ont demandé mercredi la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon.

  • L'union européenne appelle "au calme". L'UE évoque une situation de "crise profonde". "Il est important que tous les acteurs rejettent la violence et appellent au calme. Toute contestation doit se faire avec des moyens pacifiques afin d'éviter l'embrasement du pays", a déclaré la vice-présidente de l'UE dans un communiqué.
David Namias