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France-Nigeria: pourquoi l'enjeu pour le Nigeria dépasse le sport

L'équipe du Nigeria à l'entraînement à Brasilia, le 27 juin 2014 au Brésil.

L'équipe du Nigeria à l'entraînement à Brasilia, le 27 juin 2014 au Brésil. - -

Les attaques de la secte Boko Haram se multipliant au Nigeria, l'enjeu du match qui se tient lundi soir contre la France dépasse largement le sport.

La mission des joueurs nigérians n'est pas que sportive. Avec le match contre la France qui se tient ce lundi soir, ils savent aussi qu'ils jouent un rôle primordial pour le moral des Nigérians. Alors que le pays souffre de la pauvreté et de l'insécurité avec les attaques à répétition de la secte islamiste Boko Haram, la victoire s'annonce essentielle. Explications.

"Rassembler toute une nation"

C'est le petit miracle du mondial: le temps d'un match, on oublie les ethnies, les religions et les tensions. Grâce à la Coupe du monde, les Nigérians se sentent plus soudés et trouvent de quoi se détourner d'un quotidien souvent sombre.

"Il y a une vraie communion, une immense ferveur. On est sur un événement planétaire, qui permet de rassembler toute une nation, laquelle est le reste du temps assez divisée", analyse pour BFMTV, Marwane Ben Yahmed, directeur de la rédaction de Jeune Afrique.

"Le football c'est comme une religion au Nigeria. C'est ce qui rassure le peuple, ce qui lui permet de se détendre et d'avoir de l'espoir. Le moral est bon et l'attente est forte. A la messe, les gens ont beaucoup prié pour que le Nigeria remporte la victoire", témoigne un supporter nigérian.

Des contreparties financières

De fait, l'enjeu dépasse largement le sport. A huit mois de l'élection présidentielle, les autorités nigérianes ont saisi l'occasion pour soigner leur image.

"Elles ont vraiment mis le paquet dans ce sens. Elles ont dépensé 380.000 euros pour que les supporters puissent se rendre au Brésil et ils ont promis 30.000 dollars aux joueurs pour avoir atteint les 8e de finale", indique Daouda Aliyou, journaliste nigérian à Lagos, la capitale.

Deux attentats depuis le début du Mondial

Le contexte nigérian est particulièrement tendu. En effet, le chef de la secte islamiste Boko Haram, Abubakar Shekau, mène un véritable combat contre le football, un sport qu'il considère comme "une perversion occidentale visant à éloigner les musulmans de la religion".

Depuis le début de la Coupe du monde, le groupe djihadiste a déjà commis deux attentats dans le pays contre des retransmissions des matches. Mercredi dernier, 21 personnes sont mortes dans un centre commercial pulvérisé à l'explosif. Onze jours plus tôt, ce sont des clients attablés à un café pour visionner le match d’ouverture du Mondial qui avaient été pris pour cible, le bilan atteignant une vingtaine de morts.

Dès la première semaine de compétition, la police nigériane a d'ailleurs conseillé aux fans de football d'éviter de se réunir dans des lieux publics de retransmission des matches, leur suggérant de se réunir plutôt en famille ou entre amis. Des centres ont même été fermés préventivement.

M.G. avec Kelly Laffin