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Ex-otages d'Arlit: ce que l'on sait de leur libération

En blanc sur la gauche, le président nigérien Mahmadou Issoufou, à l'arrière-plan l'ex-otage Thierry Dol, devant lui, l'ex-otage Daniel Larribe, et à droite, le ministre Laurent Fabius.

En blanc sur la gauche, le président nigérien Mahmadou Issoufou, à l'arrière-plan l'ex-otage Thierry Dol, devant lui, l'ex-otage Daniel Larribe, et à droite, le ministre Laurent Fabius. - -

Après la joie et le soulagement des proches de voir les otages d'Arlit libérés surgissent les premières questions sur cette opération, "menée sans assaut ni rançon", selon le ministre français de la Défense. Comment les otages ont-ils été libérés?

Trois ans d'angoisse et de souffrances enfin terminés. Mardi soir, la France a appris la libération des quatre otages français enlevés en 2010 à Arlit, au Niger. "Je veux vous annoncer une heureuse nouvelle. Je viens d'apprendre par le président du Niger que nos quatre otages du Sahel viennent d'être libérés", a déclaré le président François Hollande depuis Bratislava, en Slovénie.

Déjà, les premières questions apparaissent. Que s'est-il passé durant leur détention? Qui a mené les négociations? Selon nos informations, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian s'est rendu secrètement le 23 septembre, puis le 13 octobre au Niger. Quelle contrepartie ont obtenu les ravisseurs, des islamistes membres d'AQMI? BFMTV.com fait le point.

> Qui sont les otages et comment vont-ils?

Le 16 septembre 2010, Daniel Larribe, 61 ans, Pierre Legrand, 28 ans, Thierry Dol, 32 ans et Marc Féret, 46 ans, sont kidnappés à Arlit, dans le nord du Niger, sur un site d'extraction d'uranium. Leur rapt est revendiqué par Aqmi. Les quatre Français travaillent alors pour le groupe nucléaire public Areva. Françoise Larribe, l'épouse de Daniel Larribe, capturée en même temps que les Français, sera libérée en février 2011 en territoire nigérien, tout comme deux autres otages, un Togolais et un Malgache.

Peu après, les otages quittent le Niger pour le Mali avec leurs ravisseurs, pays où a eu lieu leur libération. Ils seront séparés pendant quelques temps, puis regroupés de nouveau récemment. Interrogé quelques heures après sa libération, Thierry Dol, 32 ans, a évoqué une épreuve "très difficile, c'est une épreuve de la vie".

"On vient d'accueillir les quatre otages, ils sont en bonne forme. Ils vont prendre une douche, un bon repas, une courte nuit, et demain matin, nous serons à Paris avec eux", a confié mardi sur BFMTV le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui se trouve à Niamey, au Mali. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, également sur place, a lui aussi confié son ressenti. "Je les trouve en bonne santé, très amaigris et un peu effrayés, très marqués, mais en bonne santé."

> Comment s'est passée leur libération?

"Il n'y a pas eu d'assaut. Il y a eu une initiative prise par les réseaux du président Issoufou qui a permis une libération sans heurt", a expliqué le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Si les détails de l'opération restent très flous, on sait cependant que le président du Niger Mahamadou Issoufou a joué un "rôle déterminant" selon la diplomatie française, et mené "une action extrêmement efficace". Ce dernier a tenu mardi soir à "remercier l'équipe nigérienne" qui a mené la mission sans en dire plus.

Selon les informations de BFMTV, le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian s'est rendu secrètement au Niger le 23 septembre, puis le 13 octobre 2013, probablement pour rencontrer le président et poser les conditions de la libération. Une journaliste d'Europe 1 affirme que "jeudi dernier, une équipe est allée récupérer les otages qui se trouvaient au nord-ouest du massif des Ifoghas, au nord du Mali", avant d'être amenés à Kidal, plus au sud, où ils ont été "pris en charge par des agents des services de renseignement français".

Jeudi 24 octobre, des sources sécuritaires régionales à Gao, au Mali, avaient fait état de la présence d'émissaires dans le Sahel pour "accélérer les négociations en vue de la libération des otages français". Mais la France avait "formellement démenti" l'envoi de ces émissaires.

> Y a-t-il eu une rançon?

Le 21 mars 2011, Aqmi avait réclamé "au moins 90 millions d'euros" pour la libération des quatre Français encore otages, demande rejetée par la France.

Mardi soir, le ministre des Affaires étrangères a rappelé cette ligne de conduite sur BFMTV : "Vous savez la doctrine qui est la nôtre: la France ne paie pas de rançon, c'est clair et net." Le ministre de la Défense a confirmé ses propos: "Il n'y a eu de paiement d'une rançon. On ne joue pas à cela."

Pourtant, selon Europe 1, l'accord trouvé entre les négociateurs et les ravisseurs il y a dix jours "a été conclu via une contrepartie financière".

> Y a-t-il un lien avec les opérations militaires au Mali?

La semaine dernière, l'armée a révélé qu'une opération de "grande ampleur" était en cours actuellement au Mali, associant la France, les forces armées maliennes et la Minusma, la force de l'ONU au Mali, pour "éviter une résurgence" de "mouvements terroristes". Faut-il y voir un lien avec la libération des otages sur le territoire malien? "Pas du tout, cela n'a aucun rapport avec les opérations de l'armée française", a tranché Laurent Fabius sur BFMTV.

En revanche, le calvaire n'est pas terminé pour d'autres. Sept Français sont encore actuellement détenus dans le monde: deux au Sahel, un au Nigeria, et quatre en Syrie.

Alexandra Gonzalez