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Egypte: la police en grève pour dénoncer son instrumentalisation

Heurts jeudi entre policiers et manifestants à Port-Saïd.

Heurts jeudi entre policiers et manifestants à Port-Saïd. - -

Se sentant jouer le rôle ingrat face à la contestation qui enfle, la police égyptienne a décidé de fronder à son tour.

La police égyptienne a décidé de ne plus obéir aux ordres. Secouée par un mouvement de contestation sans précédent, elle a le sentiment d'être instrumentalisée par le pouvoir en place.

Accusés d'usage excessif de la force par l'opposition et les jeunes manifestants hostiles au président islamiste Mohamed Morsi et aux Frères musulmans, les policiers se sentent détestés par leurs concitoyens alors qu'ils assurent respecter simplement les consignes.

"Nous suspendons notre travail sine die car nous refusons d'assumer la responsabilité des erreurs du gouvernement qui veut nous impliquer dans le conflit politique", a ainsi affirmé Hassan Mostafa, un colonel de police à Port-Saïd.

Des armes contre les manifestants

"Toute la société est contre nous, elle considère les manifestants (tués dans les heurts) comme des martyrs, alors que nous n'avons même pas le droit de nous défendre", a-t-il dénoncé.

Les policiers veulent une loi établissant clairement leurs pouvoirs et leurs devoirs, et réclament des armes pour faire face aux manifestations violentes qui se multiplient depuis novembre.

Le mouvement a débuté il y a plusieurs semaines par des manifestations isolées, mais depuis jeudi, des milliers de policiers se sont mis en grève à travers le pays.

Le chef de la police anti-émeutes limogé

Pour essayer d'apaiser les tensions, le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim a limogé vendredi le commandant de la police anti-émeutes et a nommé un nouveau chef. Mais cela n'a pas suffi.

"Nous poursuivrons notre grève jusqu'à ce que le gouvernement accepte nos revendications, à savoir éloigner la police de la politique (...) et limoger le ministre de l'Intérieur", a répliqué le colonel Mohamed Fawzi, du QG de la police au Caire, dans le journal al-Chorouk.

De son côté, Mohamed Ibrahim estime que les grévistes sont une minorité au sein de la police. Il a aussi défendu les policiers, affirmant que ces derniers n'avaient pas "effectué un seul tir" sur des manifestants depuis le début du soulèvement populaire de 2011.

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