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Egypte

Égypte : deuxième révolution ou mini-mai 1968?

Des manifestations se sont tenues devant le palais présidentiel au Caire

Des manifestations se sont tenues devant le palais présidentiel au Caire - -

Opposants et partisans du président Mohamed Morsi se sont affrontés mercredi à coups de cocktails molotov et de jets de pierres devant le palais présidentiel, illustrant la division d'un pays qui s'enfonce dans la crise politique. Le point de vue de notre spécialiste de géopolitique, Harold Hyman.

La situation politique en Égypte montre le spectacle d'un président, Mohamed Morsi, installé démocratiquement le 30 juin et déjà contesté dans la rue... Enfin, par un côté de la rue seulement. Celui des contestataires, sur la place Tahrir, et autour du palais présidentiel.

Depuis quelques jours, en effet, les milliers de mécontents affluent, et ont ajouté le palais présidentiel à leurs lieux de vigie et de manifestation. De l'autre côté de cette rue arabe, il y a les partisans du président élu Mohamed Morsi. Eux, ce sont les Frères musulmans et les sympathisants d'un nouvel ordre - ou de l'ordre tout court, par opposition au chaos.

Les caractéristiques de ces nouvelles manifs et contre-manifs : des cocktails Molotov, beaucoup de jets de pierres, des bastonnades, et une police qui sépare les deux camps, non sans laisser libre cours aux assauts des pro-Morsi.

Est-ce une nouvelle révolution qui commence?

Ces manifestations, sont-elles une nouvelle révolution ? Nous n'en sommes pas loin : un décret, celui du 22 novembre, donne des pouvoirs accrus au Président Morsi, qui peine à faire aboutir la nouvelle Constitution, et qui semble de plus en plus tenté d'y glisser une dose plus forte de religion. Ce décret s'ajoute à la tradition politique égyptienne des coups tordus législatifs, administratifs, judiciaires et militaires.

Les opposants dits laïcs, ou encore libéraux, sont opposés à la légère dérive islamiste, et voient les pouvoirs accrus du président comme une tentative de faire passer une théocratie par subterfuge constitutionnel. Pour accompagner les laïcs et les grands bourgeois comme Mohamed El Baradei et Amr Moussa, aux flatteuses carrières internationales, il y a une force cruciale : les clubs de supporters de football ! Ces supporters ont, en leur temps, déjoué la police de Moubarak dans des affrontements de rue d'une ampleur étonnante. Des supporters aux ruses de stade, parfaitement adaptés à la semi-guerre des manifs violentes de rue.

Aujourd'hui, l'Égypte vie une crise totale de confiance et de convivialité entre les laïcs et libéraux, et les conservateurs religieux. Les anciens soutiens de l'ancien régime autocratique Moubarak sont effacés, absents presque. La police se modère. L'armée attend. Un referendum le 15 décembre sur la Constitution semble incensé dans ces conditions !

Harold Hyman