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Egypte

Crise en Egypte: une médiation américaine pour éviter le pire

Une militante pro-Morsi, le 3 août 2013 au Caire.

Une militante pro-Morsi, le 3 août 2013 au Caire. - -

Un secrétaire d'Etat américain s'est rendu en Egypte samedi dans le but d'ouvrir le dialogue entre les pro-Morsi et le pouvoir mis en place par l'armée. L'objectif est de s'assurer du calme de chaque camp avant la tenue d'une nouvelle élection.

Trouver une solution à la crise politique que traverse l'Egypte, c'est la mission du secrétaire d'Etat américain adjoint, William Burns. Il s'est rendu sur place samedi pour mener une médiation entre les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi et le pouvoir mis en place par l'armée.

Dans le même temps, le nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, a alterné le langage de l'apaisement et celui de la menace à peine voilée dans un entretien au Washington Post.

Dans ce contexte, la visite surprise de William Burns apparaît comme l'une des dernières chances d'éviter une confrontation entre la police et les milliers de militants des Frères musulmans qui occupent deux places du Caire depuis un mois pour dénoncer un coup d'Etat militaire.

Mohamed Morsi, issus de leurs rangs, a été destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet. Le ballet diplomatique qui s'est joué ces derniers jours au Caire, mené essentiellement par des responsables européens et africains, n'a cependant pas donné de résultats tangibles.

"Organiser les élections sans verser une seule goutte de sang égyptien"

La police et l'armée fourbissent leurs armes, et le ministère de l'Intérieur a demandé une nouvelle fois samedi la dispersion des sit-in en faisant valoir qu'une sortie pacifique permettra aux Frères musulmans "de jouer un rôle dans le processus politique démocratique". Or, ces derniers rejettent toute négociation avant le retour de Mohamed Morsi.

La communauté internationale redoute que l'évacuation par la force des places Rabaa al-Adawiya et Nahda, où des manifestants se sont barricadés avec femmes et enfants, ne tourne au massacre après la mort de plus de 250 personnes en un mois, essentiellement des pro-Morsi, lors de heurts avec la police ou des anti-Morsi.

Mohamed Burns a rencontré le ministre des Affaires étrangères Nabil Fahmy et des membres des Frères musulmans, la formation de Mohamed Morsi.

Dans le même temps, le général Sissi a assuré vouloir tout faire pour "organiser les élections à venir (annoncées pour début 2014) sans verser une seule goutte de sang égyptien".

Le rôle des Etats-Unis en question

"Nous nous demandons vraiment quel est le rôle des Etats-Unis, de l'Union européenne et de toutes les autres forces internationales qui sont pour la sécurité et le bien-être de l'Egypte (...)? Vous avez laissé tomber les Egyptiens, vous leur avez tourné le dos, et ils ne l'oublieront pas", a asséné Sissi. Le général a même vertement critiqué les Etats-Unis, pourtant le principal bailleur de fonds de son armée avec 1,3 milliard de dollars annuels.

Le général Sissi avait justifié la destitution de Mohamed Morsi par le mécontentement qui avait poussé des millions d'Egyptiens à manifester pour réclamer son départ et lui reprochant d'avoir accaparé le pouvoir au seul profit des Frères musulmans et d'avoir achevé de ruiner une économie déjà exsangue: "Si nous n'avions pas agi, cela se serait transformé en guerre civile."

M. P. avec AFP