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EDITO - Le Soudan du Sud: nouveau champ de mort pour 2014

Soldats de l'armée sud-soudanaise à Rubkona au Soudan du Sud le 20 avril 2012.

Soldats de l'armée sud-soudanaise à Rubkona au Soudan du Sud le 20 avril 2012. - -

En cette d'année, force est de constater que la stabilité des Etats au sud du Sahara s'est complètement dégradée. La France seule à agir devra être épaulée pour éviter une catastrophe à l'échelle du continent.

L'Afrique n'est pas gâtée par l'histoire présente. Peu importe les bons chiffres économiques retenus par The Economist, la conjoncture politique et sécuritaire est lamentable, complètement. Au Nord-Mali, en Centrafrique, en R. D. Congo, en Somalie, les armes parlent sans cesse. Dans les deux premières, les armes françaises parlent, et avec quelle pertinence au Mali. Sans elles, l'État malien se serait désagrégé, selon les dires publics de personnalités maliennes, que l'on remercie pour leur franchise.

Cependant, la Centrafrique est venu aggraver la mission de la République, et offrir un nouveau champ de mort et de désolation que ne peuvent freiner que 1.600 soldats tricolores et une combinaison de quelques milliers d'admirables Congolais, Camerounais, Burundais et Tchadiens (ces derniers semblent souvent aller trop loin pour protéger des populations musulmanes)... Si François Hollande a pu attirer nos associés européens de l'UE sur le terrain malien avec l'EUTM (European Union Training Mission), c'est parce que les combats sont menés par les Forces françaises. Les autres États - Italie, Espagne, Pays-Bas, Belgique et d'autres - n'ont pas la vaillance nécessaire pour mener ce genre de mission. À chacun sa mission, pourvu qu'il y ait mission! C'est là un des résultats du Conseil européen de Bruxelles. Les Européens suivront les Français, c'est comme ça. C'est déjà ça.

Au Soudan du Sud, il y a déjà 7.000 Casques bleus! La mission UNMISS, (MINUSS Mission des Nations unies au Soudan du Sud), qui ne parvient pas à contrôler ce pays à la soldatesque surarmée, et aux sanglantes querelles ethniques, claniques, personnelles. Au Soudan du Sud, il n'y a pas de problème entre Musulmans et Chrétiens, car il y a très peu de Musulmans, même si aucun recensement fiable n'existe! D'autres raisons existent donc pour tuer. La diplomatie américaine, si proche du Soudan du Sud depuis le début (à la différence du Quai d'Orsay, peu intéressé par ce dossier mais fasciné par le Darfour, dossier du Soudan (Nord) et Tchad), a trouvé le moyen d'envoyer quelques avions pour extraire ses ressortissants, mais pas plus. Les militaires américains reviendront-ils avec une force comparable à celle de Serval (avec un pic au-dessus de 4.000) ou Sangaris (1.600 en probable augmentation)? Attendons voir, sans trop espérer.

Quelques endroits vont mieux

Quelques endroits vont mieux. Le Libéria, la Sierra Leone, sont sortis de guerres civiles barbares, et les missions de Casques bleus ont fonctionné. Quelques endroits sont tangents: la Côte d'Ivoire, où 450 Français de la Force Licorne soutiennent les 6.910 hommes en uniforme de l'ONUCI (Opération des Nations unies pour la Côte d'Ivoire), dans l'attente angoissante de l'élection présidentielle de 2015 alors que Laurent Ggagbo n'a pas encore été formellement inculpé à La Haye! S'il est relaxé, 2015 sera une nouvelle machine à tuer. Quant à la République démocratique du Congo, avec la Monusco, forte de 22.000 hommes en uniforme et casqués de bleu, une bonne campagne d'artillerie combinée à des manœuvres pour une fois réelles des FARDC a mis en déroute en une semaine dans le Kivu (province congolaise) la terrible rébellion M23 en octobre-novembre! Il est vrai que l'ONU, département des Opérations de Maintien de la Paix, a mis sur pied une "force de réaction rapide" qui a agi pour la toute première fois dans ce Kivu ensanglanté depuis 15 ans, on en reparlera. Mais même à l'ONU, quand on veut on peut.

Finalement, 2014 verra d'amples zones de conflits se fixer, parfois des conflits lents, éparpillés, insensés. En Centrafrique et au Soudan du Sud, on n'y comprendra pas grand-chose. Au Mali, et même en Somalie, Al-Qaïda est présente pour nous rappeler que parfois l'ennemi est idéologique. Dans tous les cas de figure, le Soudan du Sud est un bel échec, la RDC une réussite, et tout le reste sera le grand moment de la seule force étrangère et légitime qui agit en Afrique, l'armée française.

Harold Hyman