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Disney accusé d'appropriation culturelle pour avoir déposé la marque "Hakuna Matata"

Le Roi Lion, extrait d'Hakuna Matata.

Le Roi Lion, extrait d'Hakuna Matata. - Capture d'écran Youtube - Walt Disney Company

Une pétition demande à l'entreprise Disney d'abandonner la commercialisation de l'expression "Hakuna Matata", une phrase swahilie devenue culte grâce au "Roi Lion".

"Hakuna Matata, mais quelle phrase magnifique!" disait la chanson du célèbre film d'animation des studios DisneyLe Roi Lion. Un si beau credo que la multinationale Disney ne s'est pas privée de déposer la marque "Hakuna Matata" en 2003, de manière à commercialiser la reproduction de l'expression.

Mais depuis l'annonce du remake du film en juillet dernier, plusieurs pétitions et médias d'Afrique de l'est déplorent que l'entreprise Disney ne se soit appropriée cette expression en en faisant une marque déposée.

Un phrase swahilie utilisée au quotidien

Car le géant américain n'a aucunement inventé cette phase, utilisée au quotidien par des millions de locuteurs africains. La phrase provient en fait de l'héritage kényan et signifie "pas de souci" en langue Swahili, la langue la plus parlée d'Afrique de l'est. 

"C’est une phrase commune qu’on utilise tous les jours. Aucune entreprise ne peut la posséder" explique à Slate Ngũgĩ wa Thiong’o, professeur de littérature comparée à l’université de Californie.

L'une de ces pétitions, qui a déjà réuni près de 64.000 signatures ce mercredi, dénonce une "appropriation colonialiste" et demande à ce que Disney cesse de s'approprier la langue Swahili.

Dans une tribune publiée dans le journal kényan Business Daily, la journaliste Cathy Mputhia estime que cette affaire doit être "un signal d'alarme" pour que les Africains veillent à la préservation de leur patrimoine. Elle dit estimer qu'"il est regrettable que la culture africaine ait été volée au fil des ans au moyen de l'utilisation des droits de propriété intellectuelle".

"Les gouvernements ou les communautés concernés ont peut-être intérêt à faire l'effort de demander la radiation des marques déjà accordées" poursuit-elle.

Jeanne Bulant