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Centrafrique: des soldats français accusés d'abus sexuels sur des enfants

Des soldats français de l'opération Sangaris en Centrafrique.

Des soldats français de l'opération Sangaris en Centrafrique. - Jean-Pierre Campagne - AFP

Un rapport de l'ONU décrit des viols d'enfants en Centrafrique par des soldats français, en échange de nourriture et d'argent. La France a ouvert une enquête.

Des soldats français ont-ils violé des enfants centrafricains? C'est ce qu'affirme un rapport transmis par un cadre des Nations unies aux autorités françaises, rapporte le Guardian. La justice française a confirmé peu après ces révélations qu'elle enquêtait depuis juillet dernier sur cette affaire.

Le rapport en question, estampillé "confidentiel", fait état de soupçons de viols par une quinzaine de soldats français sur des garçons centrafricains parfois âgés d'à peine neuf ans. Des viols qui auraient eu lieu entre décembre 2013 et juin 2014, selon le quotidien britannique, soit avant et après la mission de maintien de la paix de l'ONU en Centrafrique, la Minusca.

Les enfants ont décrit précisément leurs agresseurs

C'est dans le centre pour personnes déplacées, ouvert à l'aéroport M'Poko de la capitale centrafricaine de Bangui qu'auraient eu lieu les exactions. Interrogés par l'ONU et l'Unicef, les enfants, dont certains sont orphelins, auraient décrit l'exploitation sexuelle dont ils ont été victimes en échange de nourriture et d'argent.

Un garçon de onze ans affirme ainsi avoir été abusé alors qu'il sortait chercher de la nourriture. Un autre garçon de neuf ans a dit avoir été abusé avec son ami par deux soldats français dans le camp, alors qu'ils se rendaient vers un checkpoint pour trouver à manger. "Des enfants ont pu donner des descriptions précises des soldats impliqués", raconte le Guardian.

Interrogé sur BFMTV mercredi soir, le général Trinquand, expert militaire, tient toutefois à rester prudent. "On a l'habitude aujourd'hui de juger avant la justice. Nous sommes en train de tirer des conclusions sur un rapport basé sur le témoignage de deux garçons, qui disent avoir été violés par des soldats français dans une période éminemment trouble en République centrafricaine. A l'époque, je rappelle que les forces françaises étaient accusées de soutenir les anti-Balaka (milices civiles soupçonnées d'exactions contre les habitants musulmans, ndlr). Attendons que la justice française fasse son travail."

Un cadre de l'ONU suspendu pour avoir transmis le dossier

Selon le quotidien britannique, le rapport avait été commandé par le bureau du haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, après les rumeurs d'abus dans le camp de M'Poko. Il a ensuite été transmis aux autorités françaises par un cadre suédois de l'ONU, Andreas Kompass, au mépris des procédures de l'organisation. 

Ce directeur des opérations de terrain, basé à Genève, aurait décidé de révéler ce dossier à la France pour parer à "l'incapacité de l'ONU de faire cesser ces abus". Une décision qui lui a valu d'être suspendu de son poste le 17 avril dernier. Il fait en outre l'objet d'une enquête interne des Nations Unies, a indiqué mercredi le ministère suédois de la justice.

Le ministère de la Défense promet "la vérité"

La France a quant à elle envoyé une équipe à Bangui pour enquêter, en coopération avec l'ONU. Une enquête préliminaire a été ouverte en juillet par le parquet de Paris pour abus sexuels sur mineurs, selon le ministère de la Justice. Le ministère de la Défense indique de son côté qu'il prendra "toutes les mesures nécessaires pour la manifestation de la vérité". Les "sanctions les plus fermes" seront prises si les faits "étaient avérés", ajoutent encore les autorités françaises.

Le 5 décembre 2013, la France a lancé l'opération Sangaris pour aider la Centrafrique à maintenir la paix dans le pays, en proie à une violente guerre civile. L'armée française avait envoyé 2.000 hommes sur place.

A. K. avec A. G.