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Bus attaqué par les shebab au Kenya: les passagers musulmans ont protégé les chrétiens

Les shebabs somaliens multiplient les attaques au Kenya.

Les shebabs somaliens multiplient les attaques au Kenya. - Stringer - AFP

Alors que des fondamentalistes shebab avaient pris en embuscade un bus et demandé aux passagers de se grouper selon leur religion, les musulmans ont refusé. Deux personnes ont cependant été tuées lors de l'attaque.

Deux personnes ont été tuées et trois blessées, lundi, dans l'attaque d'un bus près de Mandera, au nord-est du Kenya, par des islamistes somaliens shebabs. Un bilan qui aurait pu être encore plus dramatique si les passagers musulmans de ce car n'avaient pas tout fait pour protéger les passagers chrétiens.

Au moment de l'attaques, les terroristes ont fait descendre tous les occupants du véhicule. A ce moment-là, ils ont demandé aux Musulmans de se séparer des Chrétiens. Un ordre auquel ont refusé d'obéir les premiers.

"Ils ont refusé de se séparer des non-musulmans et ont dit aux assaillants de tuer tous les passagers ou de partir", a raconté au Daily Nation Ali Roba, le gouverneur local.

Des vêtements prêtés aux chrétiens

Affiliés au groupe terroriste al-Qaida, les shebabs somaliens sont à l'origine de nombreuses attaques au Kenya ces derniers mois, dont la dernière a fait 147 morts dans une université à Garissa. A chaque fois, ils épargnent les Musulmans.

"Nous avons même donné à quelques non-musulmans des vêtements religieux dans le bus pour qu'on ne puisse pas les identifier facilement", a raconté l'un des passagers, dans le Washington Post.

Cette attaque s'est terminée lorsque les terroristes ont été perturbés par l'arrivée d'un camion. Les passagers se sont enfuit en courant, l'un d'entre eux a été atteint par un tir des shebabs somaliens. L'autre victime est le passager du camion.

"Ces Musulmans ont envoyé un message très important d'unité, en disant nous sommes Kenyans et nous ne pouvons pas être séparés par une religion", a déclaré Joseph Nkaissery, le ministre kenyan de l'Intérieur.

Les deux personnes tuées sont un passager du bus et celui d'un camion qui était aussi sur les lieux de l'attaque. Le bus n'avait pas d'escorte policière, car la voiture de celle qui l'avait accompagné en début de parcours était tombée en panne.

Les massacres de chrétiens font fuir enseignants et humanitaires

La majorité de la population locale dans le nord-est est constituée de musulmans kényans d'origine somalienne, note BBC News. Quand bien même les non-musulmans sont censés être la cible principale du groupe de terroristes somalien, ils ont été durement touchés par les conséquences des attentats d'al-Shabab. Une attaque de l'an dernier à Mandera, dans lequel les chrétiens ont été tués après avoir été séparés de musulmans, a provoqué le départ de plus de 2.000 enseignants, ainsi que de nombreux travailleurs de la santé qui étaient venus d'autres régions du pays.

Depuis 2013, plus de 400 personnes ont été tuées dans des attentats des shebab au Kenya. Une centaine de personnes ont été abattues en 2014 lors d'une série d'attaques contre des localités de la côte kényane, et 148 autres ont été massacrées par un commando shebab à l'université de Garissa en avril dernier. Lors de cette attaque, les exécuteurs avaient aussi séparé les chrétiens des musulmans, épargnant ces derniers.

Le Kenya, cible privilégiée des shebab

Le Kenya est l'une des cibles privilégiées des shebab depuis octobre 2011, date à laquelle il a commencé à fournir un contingent militaire à la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Les shebab, chassés depuis mi-2011 de Mogadiscio, puis de leurs principaux bastions du centre et du sud somaliens, contrôlent toujours de larges zones rurales, d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides - parfois jusque dans la capitale somalienne - contre les symboles du fragile gouvernement somalien ou contre l'Amisom qui le soutient.

J.C. et D. N.