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Burkina Faso: l'ambassade de France prise à partie par les manifestants après le coup d'État

Suite au coup d'Etat, les soldats ont bloqué les artères du quartier présidentiel de Ouagadougou.

Suite au coup d'Etat, les soldats ont bloqué les artères du quartier présidentiel de Ouagadougou. - OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Alors que le pouvoir en place a été démis par les putchistes vendredi, des manifestants ont pris pour cible l'ambassade de France samedi, persuadés qu'elle aide à la préparation d'une contre-offensive.

S'il a été démis de ses fonctions lors d'un coup d'État à Ouagadougou vendredi, le chef de la junte burkinabé Paul-Henri Sandaogo Damiba n'abdique pas. C'est en tous cas ce qu'il a déclaré samedi dans un message diffusé sur Facebook: il appelle au contraire les putchistes à "revenir à la raison" après deux jours de tensions dans la capitale.

De quoi nourrir l'idée, bien présente chez les putchistes, que le général démis prépare déjà son retour. Il aurait, selon eux, un allié de taille: la France. Samedi, des manifestants s'en sont donc pris à l'ambassade française à Ouagadougou, déclenchant un incendie, de même que devant l'Institut français à Bobo-Dioulasso, comme le rapporte l'AFP.

Ils reprochent au général Damiba, qui n'est pas apparu en public depuis le coup d'État, de s'être réfugié dans une base française, ce que ce dernier et Paris démentent.

Le Quai d'Orsay dénonce "une campagne de désinformation"

La réaction du Quai d'Orsay ne s'est pas fait attendre, Paris "condamnant les violences contre notre ambassade avec la plus grande fermeté" et invitant les ressortissants français à se mettre en sécurité.

Ces attaques "sont le fait de manifestants hostiles, manipulés par une campagne de désinformation à notre encontre", a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Anne-Claire Legendre, en "appelant les parties prenantes à assurer la sécurité" des bâtiments diplomatiques.

Samedi, la communauté internationale a également condamné ce coup d'État, le deuxième en huit mois au Burkina Faso. Le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a notamment condamné "toute tentative de prise de pouvoir par la force des armes". L'Union africaine a pour sa part dénoncé un "changement anticonstitutionnel de gouvernement", et l'Union européenne a estimé que le coup de force mettait "en danger les efforts engagés depuis plusieurs mois" pour la transition.

Des désaccords importants au sein de l'armée

Le nouveau chef autoproclamé de la junte, le capitaine Traoré, était jusqu'à présent le chef de corps du Régiment d'artillerie de Kaya, dans le nord du pays, miné par les attaques jihadistes.

Selon plusieurs sources sécuritaires, ce coup de force révèle de profonds désaccords au sein de l'armée, l'unité d'élite des "Cobras" déployée dans la lutte antijihadiste ayant reproché notamment au général Damiba de ne pas mobiliser toutes les forces sur le terrain.

Elisa Fernandez, avec AFP