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Ben Ali fuit la Tunisie, le pouvoir tente d'éviter le chaos

Dans le centre de Tunis. La contestation sociale et politique en Tunisie a eu raison de Zine el Abidine ben Ali, qui a quitté précipitamment le pays après avoir cédé le pouvoir à son Premier ministre. L'annonce du départ de Ben Ali a été suivie de scènes

Dans le centre de Tunis. La contestation sociale et politique en Tunisie a eu raison de Zine el Abidine ben Ali, qui a quitté précipitamment le pays après avoir cédé le pouvoir à son Premier ministre. L'annonce du départ de Ben Ali a été suivie de scènes - -

par Tarek Amara et Christian Lowe TUNIS (Reuters) - La contestation sociale et politique en Tunisie a eu raison de Zine el Abidine ben Ali, qui a...

par Tarek Amara et Christian Lowe

TUNIS (Reuters) - La contestation sociale et politique en Tunisie a eu raison de Zine el Abidine ben Ali, qui a quitté précipitamment le pays après avoir cédé le pouvoir à son Premier ministre Mohamed Ghannouchi, nommé chef de l'Etat par intérim.

Après 23 ans à la tête de la Tunisie, Ben Ali est arrivé en Arabie saoudite dans la nuit de vendredi à samedi alors que la France semble avoir refusé de l'accueillir. Accompagné de sa femme, il y restera pour une durée indéterminée et Mohamed Ghannouchi a jugé que les conditions actuelles ne permettaient pas son retour dans l'immédiat.

L'annonce du départ de Ben Ali après un mois de contestation a été suivie de scènes de pillages par des bandes semant la terreur dans les rues de Tunis, ont rapporté des témoins. L'armée a été déployée pour tenter de rétablir l'ordre alors qu'un couvre-feu nocturne a été décrété.

Le départ de Ben Ali pourrait ne pas suffire à combler les aspirations au changement des manifestants, qui contestent plus globalement le régime mis en place par l'ancien chef de l'Etat.

Mohamed Ghannouchi, qui a autorisé le retour des opposants en exil, a prévu de rencontrer samedi des représentants des partis politiques pour tenter de former un gouvernement d'union.

La situation en Tunisie risque d'être suivie attentivement par les régimes similaires dans le monde arabe.

Les chaînes de télévision tunisiennes ont reçu vendredi soir de nombreux appels téléphoniques signalant des pillages ou des violences.

"JOURNÉE DÉCISIVE"

Mohamed Ghannouchi, qui a prévu de diriger le pays jusqu'à la tenue d'élections, est intervenu par téléphone en direct à la télévision pour assurer qu'il mettrait tout en oeuvre afin de rétablir l'ordre.

"Je salue le fait que des groupes de jeunes gens se rassemblent pour défendre leur quartier mais nous pouvons vous garantir que nous allons renforcer leur sécurité", a-t-il dit.

"Nous sommes au service du peuple tunisien. Notre pays ne mérite pas tout ce qui est en train de se passer. Nous devons regagner la confiance des citoyens dans leur gouvernement", a-t-il ajouté.

Le chef d'Etat par intérim a prévu de mener des consultations samedi en vue de la formation d'un nouveau gouvernement d'unité.

"Demain sera une journée décisive", a-t-il dit dans une interview téléphonique avec une chaîne de télévision privée. "Je rencontrerai les représentants des partis politiques afin de former un gouvernement qui, je l'espère, répondra aux attentes."

Cette promesse formulée par un cadre du régime, Premier ministre depuis 1999, pourrait ne pas satisfaire les manifestants.

"Demain, nous serons de retour dans la rue (...) pour poursuivre cette désobéissance civile jusqu'à (...) la chute du régime. La rue a parlé", a déclaré Fadhel Bel Taher, dont le frère est l'une des dizaines de personnes tuées depuis le début du mouvement de contestation.

ÉTAT D'URGENCE

L'annonce jeudi soir par Ben Ali qu'il quitterait le pouvoir en 2014 n'avait déjà pas suffi à éteindre la colère des opposants, qui sont descendus encore plus déterminés dans les rues du pays vendredi.

En réaction, le président avait décrété l'état d'urgence et imposé un couvre-feu nocturne avant de partir en exil. Il se trouve désormais dans la ville saoudienne de Djeddah, selon un responsable saoudien interrogé par Reuters.

Dans le monde arabe, d'autres régimes pourraient interpréter le sort de Ben Ali comme un avertissement, jugent des observateurs, qui soulignent les similitudes dans la situation de plusieurs pays avec des populations jeunes confrontées à des difficultés économiques.

"La chute de Ben Ali constitue le premier effondrement d'un régime autocratique en raison d'un soulèvement populaire dans le monde arabe", a remarqué la société américaine Stratfor, spécialisée dans l'évaluation des risques politiques.

"Les dirigeants à travers le monde arabe, et notamment en Afrique du Nord, vont désormais observer avec inquiétude l'exemple tunisien pour voir si la situation pourrait se reproduire dans leur propre pays."

La situation affecte l'économie tunisienne, fondée en partie sur le tourisme.

L'agence de voyages Thomas Cook a annoncé l'évacuation de près de 4.000 clients venus dans les stations balnéaires prisées de Tunisie.

Bertrand Boucey pour le service français