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Attentat au Kenya: Cynthia, 19 ans, a survécu en se cachant 50 heures

Cynthia, 19 ans, a survécu miraculeusement aux terroristes.

Cynthia, 19 ans, a survécu miraculeusement aux terroristes. - BFMTV

La jeune étudiante a été retrouvée terrée dans une penderie samedi, après s'être cachée au début de l'attaque de l'université par les shebab. Elle raconte son calvaire.

Sa survie tient du miracle. Cynthia, jeune étudiante de 19 ans, a réussi à échapper au massacre perpétré jeudi par des terroristes shebab dans l'université kényane de Garissa. Elle s'est terrée dans une penderie, et a été retrouvée par des policiers de 50 heures après le début de l'attaque du campus qui a fait 148 morts, essentiellement des étudiants.

"Quand nous avons entendu les coups de feu, nous avons couru vers nos chambres, avec les tireurs à nos trousses. Nous nous sommes cachées sous les lits, nous les avons entendus dans le couloir, ils hurlaient que nous devions sortir de notre cachette", raconte avec émotion la jeune femme, deux jours à peine après les faits, qui se sont produits à 5h30 du matin.

En quelques secondes, Cynthia a alors pris la décision de se cacher dans une armoire. "J'ai dissimulé mon corps sous les vêtements. Je les ai tout de suite entendus entrer dans la chambre, ils ont fait sortir mes amies de sous leurs lits. Ils leur ont demandé si elles connaissaient des textes musulmans. Si elles répondaient non, elles étaient exécutées, si elles répondaient oui, elles allaient de l’autre côté de la pièce".

Terrorisée dans le placard

Selon un policier à Garissa, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, Cynthia "était cachée depuis deux jours dans une penderie" lorsqu'elle a été découverte vers 11 heures samedi, soit plus de 50 heures après le début de l'attaque. Les forces de sécurité qui passaient la zone au peigne fin ont entendu du bruit venant du placard et lui ont demandé de sortir après avoir armé leurs fusils, selon ce policier.

La jeune femme, terrorisée, a d'abord refusé, et un professeur a dû la convaincre qu'elle était en sécurité pour qu'elle accepte de s'extraire de sa cachette. "Elle n'arrêtait pas de demander aux forces de sécurité de lui assurer qu'ils n'étaient pas des shebab avant de sortir", a expliqué ce policier.

D'autres survivants parmi les morts

Cynthia n'est pas la seule à avoir échappé aux terroristes. "Tout le monde avait l'air mort, mais alors que nous parlions, des étudiants qui se cachaient depuis des heures sont sortis - certains de placards, d'autres du plafond", racontait, vendredi, un secouriste, la voix tremblante. D'autres, qui s'étaient couchés parmi les morts, se sont levés, couverts de sang. Le secouriste raconte ainsi avoir vu trois femmes apparemment mortes, couvertes de sang de la tête aux pieds, qui se sont extirpées indemnes de tas de cadavres.

Au total, 148 personnes, essentiellement des étudiants, ont été tués lors de l'attaque, perpétrée alors que la plupart dormait encore. Samedi, le chef de l'Etat kényan a décrété trois jours de deuil national, et a affirmé que le pays ne "plierait pas" face aux menaces terroristes. Actuellement, cinq hommes, soupçonnés d'être les complices des assaillants, sont interrogés par la police.

Alexandra Gonzalez avec AFP