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Algérie: une émission de caméra cachée simulant des prises d’otages fait polémique

L’international algérien Madjid Bougherra, "kidnappé" par de faux terroristes dans l'émission "Otages".

L’international algérien Madjid Bougherra, "kidnappé" par de faux terroristes dans l'émission "Otages". - Capture d'écran Youtube

Après la diffusion d’une émission de caméra cachée simulant des prises d’otages, le gouvernement algérien menace de fermer des chaînes de télévision banalisant la violence.

Deux hommes s’assoient tranquillement dans un café où sont installés quelques clients. Ils commandent une boisson en continuant à discuter. Au bout de quelques instants, deux autres clients se lèvent, sortent deux fusils d’assaut de sous leur table et se mettent à menacer tout le monde sur place. Les clients hurlent, sont forcés fr se mettre à terre, puis se réfugient dans une pièce fermée à l’arrière.

Les images, diffusées à la télévision algérienne, ont tout pour glacer le sang. Mais cette prise d’otages plus vraie que nature n’est en réalité que le (mauvais) scénario de la nouvelle émission de caméra cachée "Otages", lancée il y a une dizaine de jours sur Echourouk TV. Un concept de goût douteux qui provoque un tollé de l’autre côté de la Méditerranée, rapporte Le Scan du Figaro ce lundi.

"Vous effrayez les gens"

Parmi les victimes: l’international algérien des Glasgow Rangers passé à Al Fujairah (Émirats Arabes Unis), Madjid Bougherra. "Kidnappé" par de faux terroristes, il est conduit au milieu du désert, les yeux bandés, dans une mise en scène rappelant fortement celles des exécutions perpétrées par les jihadistes de Daesh. Comme dans toute caméra cachée, l’équipe finit par l’applaudir et lui révèle qu’il a été piégé.

Après la diffusion, au début du mois de jeûne du ramadan, la polémique a rapidement enflé, comme le souligne le quotidien algérien El Watan, qui relaie plusieurs commentaires indignés lus sur Twitter et Facebook. "À parcourir les commentaires du public sur les réseaux sociaux à propos du programme 'Otages', et qui accablent copieusement le produit, force est de constater qu’une bonne partie de ceux qui le regardent goûte très peu la farce", note le journal. 

D'autant plus dans un pays hanté par le souvenir de la guerre civile. "C’est un sujet sensible, nous avons souffert du terrorisme aveugle et vous effrayez les gens", explique par exemple un internaute. "Cette émission, au lieu de nous faire rire, nous ramène à l’époque où la peur et le sang n’étaient malheureusement pas une caméra cachée", abonde un autre.

Les chaînes appelées à "expurger" les programmes violents

De son côté, le footballeur s’est montré beau joueur. "Je comprends que cela puisse choquer, mais personnellement j'ai pris les choses du bon côté. [...] Bien sûr que l'on est inquiet dans ce genre de situations, les gens crient, on essaye de les rassurer", a-t-il simplement déclaré.

Le gouvernement tunisien a lui décidé de rappeler à l’ordre plusieurs chaînes de télévision. Dans un communiqué diffusé par l'agence APS, le ministère de la Communication demande aux responsables de certaines chaînes privées de "prendre, sans délai, des dispositions rigoureuses" concernant les programmes violents.

Les chaînes de télévision privées sont appelées à "expurger" de leurs programmes "les scènes contraires à nos traditions ancestrales et à nos valeurs religieuses qui bannissent la violence sous toutes ses formes". "Les services de la tutelle resteront attentifs aux programmes diffusés pour s'assurer de la mise en oeuvre effective des mesures préconisées afin de les corriger", prévient le texte.

V.R.