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Algérie: quelles sont les personnalités qui émergent dans l'opposition?

Les Algériens manifestent depuis maintenant 8 semaines.

Les Algériens manifestent depuis maintenant 8 semaines. - RYAD KRAMDI - AFP

Après huit semaines de mobilisation, les contestataires n'ont officiellement désigné aucun leader pour les représenter.

Dans la rue et sur les réseaux sociaux, une mobilisation inédite secoue l'Algérie depuis maintenant huit semaines. L'annonce d'Abdelaziz Bouteflika de vouloir briguer un 5e mandat avait initialement provoqué l'apparition de ce mouvement populaire. Mais après sa démission, le 2 avril dernier, c'est la nomination d'Abdelkader Bensalah comme chef de l'Etat par intérim, et la perspective d'une présidentielle le 4 juillet, qui inquiètent désormais les manifestants. 

Pour l'instant, les contestataires n'ont officiellement désigné aucun leader pour les représenter. Mais plusieurs figures semblent quand même émerger de l'opposition. 

  • L'avocat Mustapha Bouchachi

Âgé de 67 ans, le célèbre avocat et défenseur des droits de l'homme Mustapha Bouchachi s'est illustré, semaine après semaine, comme une personnalité appréciée des manifestants. En mars 2014, il avait notamment marqué les esprits en rendant son mandat de député du Front des forces socialistes (FFS), pour protester contre le fonctionnement de l'Assemblée populaire nationale. 

Interrogé sur France Culture, Mustapha Bouchachi a fortement critiqué les nominations de Noureddine Bedoui comme Premier ministre et d'Abdelkader Bensalah comme chef de l'Etat par intérim:

"Nous n'accepterons jamais que ce gouvernement et ce chef du gouvernement, ancien ministre de l'Intérieur (Noureddine Bedoui, NDLR) et qui était derrière toutes les fraudes électorales qu'a connu l'Algérie depuis des années, organise les élections. Les Algériens ne peuvent pas avoir confiance en ce gouvernement, comme les Algériens n'accepteront pas non plus que le président du Sénat devienne le chef de l'Etat."

L'avocat milite plutôt pour la nomination de personnalités acceptées par le peuple algérien. 

L'avocat Mustapha Bouchachi.
L'avocat Mustapha Bouchachi. © FAROUK BATICHE - AFP
  • L'homme politique Karim Tabbou

Karim Tabbou, 49 ans, porte-parole de l'Union démocratique et sociale (UDS), un parti qu'il a fondé en 2013, apparaît également comme une personnalité qui a émergé au moment des manifestations. En 2006, il avait passé cinq ans à la tête du secrétariat national du Front des forces socialistes (FSS). 

Pour l'homme politique, interviewé par le média Algérie Eco, l'objectif de la contestation est de "de bâtir un Etat de droit, où la loi s’appliquera à tout le monde et aucune autorité ne sera au-dessus de la loi". 

"Tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes politiques ou économiques seront jugés dans le cadre d’un Etat de droit qui garantit le justice à tous les citoyens. Nous avons, en tant que peuple, des priorités telles que la protection du pays, la mise en place d’un système démocratique et surtout l’unité pour bâtir cette nouvelle Algérie ", a-t-il souligné. 
  • La juriste Zoubida Assoul

L'avocate Zoubida Assoul, 63 ans, porte-parle du mouvement Mouwatana "Citoyenneté-Démocratie", créé en juin 2018, semble aussi être une figure importante de la contestation populaire. Elle est également présidente du parti politique l'Union pour le changement et le progrès (UPC), qu'elle a fondé en septembre 2012.

Comme Mustapha Bouchachi, elle refuse, selon le quotidien La Presse, que "des visages qui ont servi Bouteflika et cautionné son mandat dirigent la transition". "Le pouvoir pense que le mouvement s'essouffle, mais il ne s'essouffle pas", a-t-elle ajouté. 

La juriste Zoubida Assoul.
La juriste Zoubida Assoul. © RYAD KRAMDI - AFP
Clément Boutin