Algérie - le bilan d'une opération sanglante
A l'issue de l'assaut final, mené samedi par l'armée algérienne, contre les preneurs d'otages liés à al-Qaïda sur le site gazier d'In Amena, le bilan, encore provisoire est lourd. La journée de samedi s'est écoulée au rythme des annonces de morts d'otages, ou de libérations. En tout, 53 personnes auraient été tuées, dont 21 otages et 32 ravisseurs. Selon les médias officiels algériens, sept otages étrangers ont été "exécutés" par leurs ravisseurs lors de l'assaut final.
Les forces algériennes ont pu libérer, après quatre jours d'assauts, "685 employés algériens et 107 étrangers" et ont abattu "32 terroristes", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Vingt-trois otages ont péri, a-t-il ajouté.
Un Français, Yann Desjeux, est mort. Six Britanniques et une personne résidant en Grande-Bretagne sont morts ou portés disparus. Un ressortissant américain a été tué, deux ont pu s'échapper et le sort de deux autres est inconnu. Un Roumain a été tué et un autre blessé, trois autres ont été libérés.
Le sort d'au moins dix ressortissants japonais reste inconnu, alors que 17 salariés nippons étaient sur place lors de l'attaque. Trois Belges ont survécu à un raid de l'aviation algérienne. Cinq Norvégiens sont portés manquants. Trente-quatre Philippins, dont un blessé, ont été évacués jeudi, un autre a pu s'échapper avant l'intervention des forces algériennes. Manille a refusé de confirmer les informations de presse faisant état de deux morts. Les autorités ont annoncé samedi qu'elles n'avaient aucune nouvelle de deux de leurs ressortissants alors que trois Malaisiens sont désormais en sécurité.
>> A LIRE AUSSI : Algérie : pourquoi l'intervention a-t-elle été aussi violente ?
Arsenal important
Parmi les 32 ravisseurs tués figurent trois Algériens. Les autres étaient de différentes nationalités non précisées et comprenaient des experts en explosifs, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur.
L'envoyée spéciale de la télévision publique, citant de "hauts responsables militaires algériens", a affirmé de son côté que parmi les preneurs d'otages figuraient des islamistes de "nationalité libyenne, néerlandaise, tunisienne, syrienne, égyptienne, malienne, yéménite et canadienne".
L'armée a récupéré un arsenal important: "six fusils-mitrailleurs, 21 fusils, deux fusils à lunettes, deux mortiers 60 mm avec roquettes, 6 missiles avec rampes de lancement, deux RPG7 avec huit roquettes, 10 grenades disposées en ceintures explosives". Des "tenues militaires étrangères et un stock de munitions et d'explosifs" ont été trouvés.
>> A LIRE AUSSI : Algérie : qui sont les preneurs d'otages ?
Si la communauté internationale et notamment, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et le Japon ont critiqué l'action de l'armée algérienne, François Hollande a estimé que l'Algérie avait eu "les réponses" les "plus adaptées" car "il ne pouvait y avoir de négociation" avec les ravisseurs.
Retranchés
Les assaillants avaient attaqué mercredi à l'aube un bus transportant des employés du site gazier d'In Amenas en Algérie, à la frontière libyenne, se rendant à l'aéroport, tuant un Algérien et un Britannique, avant de prendre en otages les centaines d'autres employés du complexe.
L'armée algérienne avait alors décidé de répondre brutalement, en lançant plusieurs assauts jeudi et vendredi, malgré la présence du gaz.
Un premier assaut avait été lancé jeudi par les forces spéciales de l'armée algérienne contre les ravisseurs dans la base-vie, suivi de l'assaut final samedi contre l'usine où s'étaient retranchés 11 assaillants avec sept otages étrangers, tous morts.