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Algérie: l'armée demande une mise à l'écart "immédiate" de Bouteflika 

Le président algérien avait annoncé lundi qu'il démissionnerait d'ici le 28 avril prochain, date à laquelle son mandat expirera constitutionnellement.

Le président algérien a remis sa démission ce mardi soir au Conseil constitutionnel, a-t-on appris de l'agence de presse officielle APS. 

Abdelaziz Bouteflika "a avisé officiellement le Conseil constitutionnel de la fin de son mandat de président de la République" à partir "d'aujourd'hui", mardi, indique un bandeau déroulant à la télévision nationale, quelques heures après la remise en cause par l'armée algérienne de l'autorité de la présidence.

C'est le président du conseil de la Nation (chambre haute) Abdelkader Bensalah qui doit assurer l'intérim selon la constitution algérienne. 

Concert de klaxons à Alger

Un concert de klaxons a accueilli la nouvelle de cette démission à Alger, mais les Algérois ne sont pas sortis dans la rue dans l'immédiat.

Un peu plus tôt dans l'après-midi, l'armée algérienne avait demandé une mise à l'écart "immédiate" du président Abdelaziz Bouteflika, dans un communiqué publié ce mardi. Elle avait estimé que l'annonce de la démission prochaine du président était "non authentique".

La veille, l'agence de presse officielle APS avait annoncé qu'Abdelaziz Bouteflika démissionnerait d'ici au 28 avril prochain, date à laquelle son mandat expirera constitutionnellement

"Une page qui se tourne"

"C'est une page qui se tourne", indique Farouk Atig, grand reporter spécialiste du monde arabo-musulman sur notre antenne.
"C'est une bonne et une mauvaise nouvelle, parce qu'il y a toujours un conflit ouvert qui se pose en Algérie entre la population dans sa très large majorité qui descend dans les rues pour crier sa joie, et celle qui continue de dénoncer un régime. Maintenant c'est le départ d'un régime et d'un système que certains réclament", ajoute ce spécialiste.

"Ces dernières semaines, l'ambiance avait un peu tourné au vinaigre avec cette passe d'arme entre le président algérien et l'armée qui avait d'abord suggéré que Bouteflika soit déclaré inapte à exercer ses fonctions", explique Neila Latrous, rédactrice en chef du magazine Jeune Afrique sur notre antenne.

Cette fronde de plus de 5 semaines, inédite dans le pays, est née à la suite de l'annonce d'Abdelaziz Bouteflika de se représenter une cinquième fois à la présidentielle. Chaque vendredi, des marées humaines se forment pacifiquement dans les rues d'Alger pour réclamer le départ du président, âgé de 82 ans. Un mouvement soutenu par les Français d'origine algérienne qui se sont rassemblés nombreux chaque week-end à Paris.

Jeanne Bulant avec AFP