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Aide financière internationale pour les rebelles libyens

Rebelles libyens sur la ligne de front près de Misrata, dans l'ouest du pays. Les Occidentaux et les représentants de plusieurs pays arabes, réunis à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, ont promis plus d'un milliard de dollars de financement aux insurgés

Rebelles libyens sur la ligne de front près de Misrata, dans l'ouest du pays. Les Occidentaux et les représentants de plusieurs pays arabes, réunis à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, ont promis plus d'un milliard de dollars de financement aux insurgés - -

par Humeyra Pamuk et Peter Graff ABOU DHABI/TRIPOLI (Reuters) - Les rebelles libyens en lutte depuis février contre Mouammar Kadhafi espèrent...

par Humeyra Pamuk et Peter Graff

ABOU DHABI/TRIPOLI (Reuters) - Les rebelles libyens en lutte depuis février contre Mouammar Kadhafi espèrent reprendre la production pétrolière et ont obtenu jeudi de leurs alliés plus d'un milliard de dollars de promesse de financement.

Les Occidentaux et les représentants de plusieurs pays arabes se sont réunis à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, afin de préparer ce qu'un responsable américain a appelé "la fin de partie" pour Mouammar Kadhafi.

Les ministres du Groupe de contact pour la Libye, qui comprend notamment la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ainsi que leurs alliés arabes (Qatar, Koweït, Jordanie), ont demandé aux rebelles de présenter leurs projets pour l'après-Kadhafi.

Sur le terrain, l'Otan a accentué sa pression sur le régime libyen et les bombardements aériens se sont intensifiés à Tripoli. Des explosions ont encore été entendues jeudi matin dans la capitale libyenne.

Aux Nations unies, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a accusé le numéro un libyen d'avoir encouragé les viols d'opposants.

AIDE FINANCIÈRE

Le ministre des Finances et du Pétrole de la rébellion, Ali Tarhouni, a annoncé que le Conseil national de transition (CNT) de Benghazi espérait relancer "prochainement" la production de pétrole, à hauteur de 100.000 barils par jour, et a demandé une aide internationale d'urgence.

"Notre peuple est en train de mourir (...) Alors mon message à nos amis, c'est qu'ils fassent ce qu'il faut", a-t-il dit.

Le CNT estime avoir besoin de trois milliards de dollars (deux milliards d'euros environ) dans les quatre mois pour financer l'achat de vivres et payer les salaires, a déclaré à Abou Dhabi Abdourrahman Mohamed Chalgham, ex-ministre libyen des Affaires étrangères rallié à l'insurrection.

La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a annoncé qu'elle allait débloquer 290 millions d'euros (420 millions de dollars environ), sous la forme de prêts bonifiés.

L'Italie, elle, va donner de 300 à 400 millions d'euros sous forme de fonds mais aussi de livraisons de carburant, a dit le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.

Le Koweït a annoncé le transfert immédiat de 180 millions de dollars (125 millions d'euros environ) et la Turquie va créer un fonds de 100 millions.

"La communauté internationale commence à discuter de la fin de partie", a dit un haut responsable américain à des journalistes à bord de l'avion de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton en route vers Abou Dhabi.

"Cela inclurait évidemment une sorte de cessez-le-feu et un processus politique (...) Bien sûr, la question de Kadhafi, peut-être de sa famille, est aussi un problème clé", a-t-il dit.

En visite auprès des rebelles à Benghazi, le président sénégalais Abdoulaye Wade a de nouveau exhorté Kadhafi à quitter le pouvoir "le plus vite possible, dans l'intérêt de tous", et a proposé son aide pour parvenir à un règlement négocié.

ACCUSATIONS RÉCIPROQUES

A La Haye, les enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI) disent avoir des preuves que Kadhafi a encouragé les viols d'opposants, ce qui pourrait faire l'objet d'un nouveau chef d'inculpation.

Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a requis en mai un mandat d'arrêt contre Mouammar Kadhafi pour crimes contre l'humanité, ainsi que contre son fils Saïf al Islam et le chef des renseignements libyens, Abdoullah al Senoussi.

Les accusations de viols d'opposants en Libye ne sont pas nouvelles. En avril, l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Susan Rice, avait affirmé que les hommes de Kadhafi étaient alimentés en Viagra, traitement indiqué contre l'impuissance sexuelle.

Sur le plan militaire, les rebelles assiégés dans la ville de Misrata, à 220 km à l'est de Tripoli, ont déclaré que les gouvernementaux avaient lancé une nouvelle offensive mercredi et que leurs bombardements avaient fait une douzaine de morts. La ville a encore été bombardée dans la matinée par les pro-Kadhafi.

A Tripoli, après une pause de quelques heures, les raids de l'Otan ont également repris.

Le commandant du volet français de l'opération militaire de l'Otan, le contre-amiral Philippe Coindreau, a dit "constater tous les jours l'attrition des moyens, des forces de Kadhafi" mais a présenté le soldat libyen comme "excessivement professionnel, réactif et agressif".

"Ce sont des militaires expérimentés, entraînés, qui n'hésitent pas à être violents vis-à-vis de l'opposition, ne se soucient pas de la population qui est autour et n'hésitent pas à ouvrir le feu sur les forces de l'Otan", a-t-il dit.

A Genève, devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Moustafa Chabane, représentant du ministère libyen des Affaires étrangères, a accusé les insurgés et l'Otan de commettre des crimes de guerre.

"Les villes aux mains des bandes armées sont victimes de terribles violations des droits de l'homme et de crimes abominables", a--il dit. "A Misrata, des bandes de Libyens et des étrangers qui ont été arrêtés ont avoué avoir tranché la gorge et les seins de femmes et même avoir commis des actes de cannibalisme."

Avec Khaled al Ramahi à Misrata, Adrian Croft à Londres, Mahmoud Habbouch et Andrew Quinn à Abou Dhabi; Elizabeth Pineau, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français, édité par Gilles Trequesser