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Accalmie relative à Abidjan, où l'hôtel du Golf a été attaqué

Soldat fidèle à Alassane Ouattara près d'une patrouille de l'Onuci (l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire) dans la banlieue nord d'Abidjan. Une accalmie relative prévaut dimanche à Abidjan où la population en a profité pour se réapprovisionner au

Soldat fidèle à Alassane Ouattara près d'une patrouille de l'Onuci (l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire) dans la banlieue nord d'Abidjan. Une accalmie relative prévaut dimanche à Abidjan où la population en a profité pour se réapprovisionner au - -

par Ange Aboa et Loucoumane Coulibaly ABIDJAN (Reuters) - Une accalmie relative prévaut dimanche à Abidjan où la population en a profité pour se...

par Ange Aboa et Loucoumane Coulibaly

ABIDJAN (Reuters) - Une accalmie relative prévaut dimanche à Abidjan où la population en a profité pour se réapprovisionner au lendemain de l'attaque au mortier contre l'hôtel du Golf, QG d'Alassane Ouattara.

Un porte-parole de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a déclaré que ces tirs provenaient de positions proches de la résidence où est retranché Laurent Gbagbo, qui refuse de céder le pouvoir.

"C'était une attaque directe des forces de Gbagbo qui ont tiré au mortier et au lance-roquettes sur l'hôtel du Golf à partir de positions près de la résidence de Gbagbo", a dit Hamadoun Toure, précisant qu'un casque bleu avait été blessé.

"Nous avons riposté en ouvrant le feu sur ces positions", a-t-il poursuivi, soulignant toutefois que la résidence de Gbagbo n'avait pas été visée.

Dimanche, une accalmie relative a permis à la population de sortir dans les rues pour chercher de la nourriture et de l'eau.

Les marchés de la capitale économique offrent plus de produits que pendant les combats de ces dix derniers jours.

"Les canons se sont tus aujourd'hui, les marchés sont approvisionnés et les femmes sont nombreuses à vendre de la nourriture", témoigne Stella Gogo, une habitante de Yopougon, un quartier considéré comme un bastion de Laurent Gbagbo.

"La vie reprend progressivement un cours normal", ajoute Rémi Pagni, qui habite les Deux-Plateaux, un quartier résidentiel du nord qui a beaucoup souffert des combats de la semaine dernière.

"Des taxis collectifs circulent à nouveau, des véhicules particuliers refont leur apparition dans les rues et certaines boutiques et pharmacies ont rouvert".

Il ajoute, pour tempérer son témoignage: "La situation reste très difficile, et nous n'avons pas le choix".

Laurent Gbagbo a appelé à la résistance contre les soldats français de "Licorne" présents en Côte d'Ivoire sous un mandat de l'Onu, a rapporté son porte-parole, Ahoua Don Mello.

"Le président Gbagbo a appelé à la résistance contre les bombardements et les agissements de l'armée française en Côte d'Ivoire parce qu'en fin de compte, c'est l'armée française qui nous attaque", a-t-il dit.

Depuis le déclenchement de la bataille d'Abidjan, le 31 mars, la France a engagé à plusieurs reprises ses soldats et ses hélicoptères de combat contre les forces du camp Gbagbo. Le contingent de "Licorne" a été porté à 1.650 hommes afin de soutenir l'Onuci et d'aider les expatriés, dont une partie a été rassemblée en plusieurs points d'Abidjan, dont le camp français de Port-Bouët.

"LICORNE" SÉCURISE LE PORT D'ABIDJAN

Les forces loyales au président sortant ont gagné du terrain dans les quartiers administratifs du Plateau et diplomatique de Cocody, tout en se rapprochant de l'hôtel du Golf.

Au nord d'Abidjan, les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) soutenant Ouattara se prépareraient à repartir à l'assaut des secteurs d'Abidjan tenus par leurs adversaires, a dit Zacharia Koné, un des principaux commandants militaires.

A la demande d'Alassane Ouattara, les soldats de "Licorne" ont sécurisé samedi le port d'Abidjan, essentiel pour les exportations de fèves de cacao, et confirmé que Cocody et le Plateau étaient toujours âprement disputés entre les deux camps.

Les militaires français dépêchés au port autonome d'Abidjan étaient appuyés par des gendarmes ivoiriens fidèles à Alassane Ouattara.

A Washington, le département américain d'Etat a accusé Gbagbo de faire preuve d'"un mépris impitoyable à l'égard du bien-être du peuple ivoirien" et l'a de nouveau exhorté à se retirer. "Il est clair que les velléités de négociations de Gbagbo cette semaine n'étaient rien d'autre qu'une ruse pour regrouper et réarmer (ses forces)", ajoute le département d'Etat dans un communiqué.

Laurent Gbagbo, qui s'accroche à son poste malgré la victoire de son opposant nordiste Ouattara validée par la quasi-totalité de la communauté internationale, demeure isolé dans son bunker situé au sous-sol de sa résidence.

A Paris, les deux avocats français d'Alassane Ouattara ont lancé dimanche un appel à une intervention militaire de l'Onu face à l'urgence humanitaire.

"Nous appelons les forces impartiales de l'Onuci, avec l'appui de Licorne, à éliminer sans délai les armes lourdes, neutraliser les miliciens à la solde de Gbagbo (...) et à remettre à la justice le candidat battu", écrivent Mes Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard dans un communiqué.

Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000 bien qu'il n'ait été élu que pour un quinquennat, est retranché sous la protection d'un millier de combattants dans sa résidence "bunkérisée" de Cocody.

Avec Emmanuel Braun à Abidjan, Patrick Worsnip aux Nations unies, Elizabeth Pineau et Bertrand Boucey à Paris, version française Henri-Pierre André et Jean-Loup Fiévet