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Afghanistan: deux autres capitales provinciales tombent aux mains des talibans

Vue de Kunduz, occupé par les talibans depuis plusieurs jours.

Vue de Kunduz, occupé par les talibans depuis plusieurs jours. - AFP

Les talibans poursuivent leur offensive en Afghanistan et ont conquis deux capitales de province supplémentaires ce mardi, sur fond de désengagement des États-Unis. Ils en occupent déjà huit sur 34.

Les talibans se sont emparés mardi de deux nouvelles capitales provinciales afghanes, Farah, dans l'ouest, et Pul-e Khumri, dans le nord, d'où les civils fuyaient en masse devant leur avancée apparemment inéluctable. "Les talibans sont maintenant dans la ville, ils ont hissé leur drapeau sur la place centrale et au bureau du gouverneur", a déclaré à l'AFP Mamoor Ahmadzai, un député de la province de Baghlan, dont Pul-e Khumri, à 200 km de Kaboul, est la capitale. Après deux heures de combats, les forces de sécurité se sont retirées mardi soir vers une base hors de la ville, a-t-il précisé.

Dans l'après-midi, les insurgés s'étaient déjà emparés de Farah, capitale de la province du même nom. "Cet après-midi (mardi), les talibans sont entrés dans la ville de Farah après avoir brièvement combattu les forces de sécurité. Ils ont pris le bureau du gouverneur et le quartier général de la police. Les forces de sécurité se sont retirées vers une base de l'armée", a annoncé Shahla Abubar, une conseillère provinciale. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des insurgés, a confirmé la prise des deux villes sur Twitter.

Une offensive qui va à un train effréné

Les talibans, qui avancent à un rythme effréné, contrôlent désormais huit des 34 capitales provinciales afghanes, dont six des neuf du nord du pays, des combats étant en cours dans les trois autres. Depuis vendredi, ils ont pris le contrôle de Zaranj (sud-ouest), de Sheberghan (nord), fief du célèbre chef de guerre Abdul Rashid Dostom, de Kunduz, la grande ville du nord-est, ainsi que de trois autres capitales septentrionales, Taloqan, Sar-e-Pul et Aibak.

Ils ont aussi continué à resserrer leur étau autour de Mazar-i-Sharif, la plus grande ville du nord. Si celle-ci venait à tomber à son tour, le gouvernement n'aurait plus aucun contrôle sur l'ensemble de cette région pourtant traditionnellement férocement opposée aux talibans. C'est là qu'ils avaient rencontré l'opposition la plus acharnée lors de leur accession au pouvoir dans les années 1990. L'Alliance du Nord avait trouvé refuge dans le nord-est pour mener la résistance lorsqu'ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001.

Réunion internationale à Doha

Alors que les combats font rage dans le nord, mais aussi dans le sud autour de Kandahar et dans Lashkar Gah, deux fiefs historiques des insurgés, Doha a accueilli mardi une réunion internationale, avec des représentants du Qatar, des États-Unis, de Chine, du Royaume-Uni, de l'Ouzbékistan, du Pakistan, des Nations unies et de l'Union européenne.

Le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans s'est ouvert en septembre dernier au Qatar, dans le cadre de l'accord de paix conclu en février 2020 entre les insurgés et Washington prévoyant le départ total des troupes étrangères d'Afghanistan. Ce retrait doit être achevé d'ici le 31 août.

Mais les discussions sont au point mort et les talibans ont lancé une offensive en mai, quand a débuté ce retrait final. Après s'être emparés de vastes zones rurales sans rencontrer beaucoup de résistance, ils se sont tournés depuis début août vers les centres urbains. Même si les espoirs sont minces de voir les pourparlers déboucher sur un résultat concret, l'émissaire américain, Zalmay Khalilzad, devait exhorter les talibans "à cesser leur offensive militaire et à négocier un accord politique".

Mais l'administration du président Joe Biden n'a aucunement l'intention de changer de ligne. Elle maintiendra son soutien à Kaboul, mais c'est aux Afghans de prendre leur destin en mains. "C'est leur pays qu'il s'agit de défendre. C'est leur combat", a souligné lundi le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Déjà près de 360.000 civils déplacés

Les violences ont déjà poussé des dizaines de milliers de civils à fuir leur foyer dans tout le pays, les talibans étant accusés de nombreuses atrocités dans les endroits tout juste passés sous leur coupe. Quelque 359.000 personnes ont été déplacées en Afghanistan à cause des combats depuis le début de l'année, a indiqué l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Au moins 183 civils ont été tués et 1.181 blessés, dont des enfants, en un mois dans les villes de Lashkar Gah, Kandahar, Hérat (ouest) et Kunduz, a indiqué mardi l'ONU, en précisant bien qu'il ne s'agissait là que des victimes qui avaient pu être documentées.

R.V. avec AFP