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Accusé de fraude fiscale, le dissident Ai Weiwei défie Pékin

L'artiste contestataire chinois Ai Weiwei, accusé de fraude fiscale par les autorités de Pékin, promet de "lutter jusqu'à la mort" contre les accusations formulées à son encontre. /Photo prise le 23 juin 2011/REUTERS/David Gray

L'artiste contestataire chinois Ai Weiwei, accusé de fraude fiscale par les autorités de Pékin, promet de "lutter jusqu'à la mort" contre les accusations formulées à son encontre. /Photo prise le 23 juin 2011/REUTERS/David Gray - -

PEKIN (Reuters) - L'artiste contestataire chinois Ai Weiwei a promis mercredi de "lutter jusqu'à la mort" contre les accusations de fraude...

PEKIN (Reuters) - L'artiste contestataire chinois Ai Weiwei a promis mercredi de "lutter jusqu'à la mort" contre les accusations de fraude fiscale portées contre lui par les autorités.

Ai Weiwei, l'un des concepteurs du "Nid d'oiseau", le stade olympique des JO de 2008 à Pékin, a été condamné à payer sous deux semaines 15 millions de yuans (environ 2,4 millions de dollars) d'impôts en tant que "gérant de fait" de la société Beijing Fake Cultural Development, qui a contribué à populariser son oeuvre.

L'opposant de 54 ans, emprisonné pendant 81 jours cette année, a été libéré sous caution en juin à condition de ne pas entrer en contact avec la presse étrangère.

Pourtant, dans une interview de deux heures accordée mercredi à Reuters, il dénonce vivement l'attitude des autorités chinoises et jure de ne pas se soumettre.

"Est-ce que quelqu'un comme Ai Weiwei peut se rendre ? Le mot 'capitulation' ne figure pas dans mon dictionnaire (...) Ils ne me font pas peur", a-t-il dit dans son appartement du nord-est de Pékin, aux côtés de sa femme Lu Qing, de juristes et de spécialistes du droit fiscal.

Le gouvernement, qui a ordonné au comptable de Beijing Fake Cultural Development de ne pas me rencontrer, est incapable d'apporter contre moi la moindre preuve de fraude fiscale, a-t-il ajouté.

Les autorités chinoises présentent Ai Weiwei comme le gérant de fait de la société, alors que c'est son épouse qui en est la représentante légale. "Si je ne paye pas les pénalités, c'est elle qui risque de se retrouver en prison", a poursuivi le dissident.

"Mais je me battrai jusqu'à la mort", a-t-il souligné, précisant que de toute façon il n'avait pas les moyens de payer d'ici quinze jours la somme demandée.

Il a décidé d'apporter comme garantie la maison de sa mère de 79 ans, Gao Ying, avant de réclamer une révision du dossier par l'administration. La valeur de cette maison est estimée à environ 25 millions de yuans.

L'avocat de Beijing Fake Cultural Development, Pu Zhiqiang, a déclaré qu'il allait demander aux autorités fiscales d'annuler la procédure qu'il juge "illégale".

Pour Ai Weiwei, l'attitude du fisc est motivée par une déclaration qu'il a faite en août dernier à l'hebdomadaire américain Newsweek, où il se livrait à une attaque en règle contre le gouvernement chinois, accusant les autorités de priver la population de ses droits fondamentaux et parlant de Pékin comme d'une "ville de violence".

Selon les conditions fixées à sa libération en juin, Ai Weiwei n'est autorisé ni à donner des interviews, ni à rencontrer des étrangers, ni à utiliser internet.

Sui-Lee Wee, Guy Kerivel pour le service français