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Acculées, les forces libyennes tirent leur premier missile Scud

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par Robert Birsel BENGHAZI, Libye (Reuters) - Les forces libyennes ont tiré un missile Scud pour la première fois depuis le début du soulèvement...

par Robert Birsel

BENGHAZI, Libye (Reuters) - Les forces libyennes ont tiré un missile Scud pour la première fois depuis le début du soulèvement contre Mouammar Kadhafi, en février, a annoncé Washington lundi, après l'avancée rebelle qui a isolé Tripoli.

Les insurgés, soutenus par l'aviation de l'Otan, ont pris deux villes stratégiques près de Tripoli ces derniers jours, coupant le ravitaillement de la capitale et ne laissant que peu d'options au colonel Kadhafi s'il veut rester au pouvoir.

Le missile Scud a été tiré dimanche matin d'un endroit situé à 80 km à l'est de Syrte, a dit un responsable du Pentagone. Il est tombé dans le désert à l'est du terminal pétrolier de Brega, là où est la ligne de front orientale, vers la Cyrénaïque.

Depuis le début de la guerre, les forces loyales à Mouammar Kadhafi ont utilisé des roquettes Grad de moyenne portée mais pas leurs Scud, d'une portée d'environ 300 km et que la Libye a achetés à l'Union soviétique et à la Corée du Nord, selon le site spécialisé Global Security (www.globalsecurity.org).

Les missiles libyens "sont vieux et souffrent probablement de problèmes de maintenance", croit savoir Global Security. Les stocks de missiles Scud ont néanmoins été les cibles des premières frappes aériennes de l'Otan, qui ont débuté fin mars.

Pour Shashank Joshi, du groupe d'experts britannique Royal United Services, ce tir de Scud, une arme peu précise, illustre le désespoir du gouvernement libyen. "C'est évidemment le signe que le régime est dos au mur", estime-t-il.

COMBATS POUR ZAOUÏAH

Au quartier général des rebelles, à Benghazi, on estime que Kadhafi abat ses dernières cartes. "Il est fou", a dit Mohammed Zaouaoui, directeur de la communication des rebelles.

"Nous ne pouvons pas empêcher les (tirs de) missiles Scud mais l'Otan le peut. L'Otan dispose de la technologie nécessaire pour les détecter", a-t-il ajouté.

Aux yeux des analystes, la stratégie des rebelles sera maintenant d'isoler la capitale pour favoriser la chute du gouvernement. Mais il est aussi possible que Kadhafi se prépare à une lutte ultime dans la capitale.

Dans une intervention téléphonique à peine audible à la télévision nationale, le "guide" libyen a une nouvelle fois appelé lundi ses partisans à prendre les armes.

"Le sang des martyrs nourrit le champ de bataille", a dit le dirigeant libyen, qui est au pouvoir depuis 1969. "La fin du colonialisme est proche. La fin des rats (rebelles) est proche, car ils s'enfuient", a-t-il ajouté.

"ISOLÉ"

Les rebelles se sont au contraire approchés de Tripoli ce week-end. Ils ont pris le contrôle de Zaouïah, la principale ville à l'ouest de Tripoli. Ils ont ensuite revendiqué la prise de Gariane, à 80 km au sud de Tripoli, et Sourmane, à l'ouest de Zaouïah.

Des responsables du gouvernement libyen ont démenti la perte de Zaouïah mais reconnu que des insurgés étaient entrés dans Gariane.

"Kadhafi est isolé. Il est coupé du monde extérieur", a dit un porte-parole des rebelles du djebel Nefoussa, Abdoulrahman, à Reuters.

Les Etats-Unis, qui se montraient peu optimistes ces derniers temps sur le conflit libyen, se sont félicités lundi des récents progrès militaires enregistrés par les rebelles.

Mardi matin, des combattants de Mouammar Kadhafi étaient toujours dans les faubourgs à l'est de Zaouïah, sur la route de Tripoli, ont dit des rebelles.

Des sources médicales dans l'un des hôpitaux de la ville ont rapporté que 20 personnes, des rebelles et des civils, avaient été tuées lundi.

Avec Phil Stewart à Washington et Missy Ryan à Tripoli, Clément Guillou pour le service français, édité par Gilles Trequesser