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Abbas exclut de reconnaître Israël comme l'Etat-nation des Juifs

Par la voix de son porte-parole, le président palestinien Mahmoud Abbas (photo) a exclu lundi de reconnaître Israël comme l'Etat-nation des Juifs en échange d'un nouveau moratoire sur la poursuite de la colonisation en Cisjordanie, comme le lui a proposé

Par la voix de son porte-parole, le président palestinien Mahmoud Abbas (photo) a exclu lundi de reconnaître Israël comme l'Etat-nation des Juifs en échange d'un nouveau moratoire sur la poursuite de la colonisation en Cisjordanie, comme le lui a proposé - -

RAMALLAH, Cisjordanie/JERUSALEM (Reuters) - Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a exclu lundi de reconnaître Israël comme l'Etat-nation des...

RAMALLAH, Cisjordanie/JERUSALEM (Reuters) - Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a exclu lundi de reconnaître Israël comme l'Etat-nation des Juifs en échange d'un nouveau moratoire sur la poursuite de la colonisation en Cisjordanie, comme le lui a proposé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Mahmoud Abbas a suspendu le dialogue direct mené depuis septembre sous la pression et l'égide des Etats-Unis avec Benjamin Netanyahu, parce que celui-ci avait refusé de proroger un moratoire partiel de dix mois sur la construction de nouveaux logements juifs, qui a expiré le 26 septembre.

Avec l'appui de la Ligue arabe réunie ce week-end en Libye, il a donné un mois à Washington pour tenter de convaincre Israël de rétablir ce gel, initialement concédé par Netanyahu contre l'avis de ses alliés d'extrême droite pour favoriser la relance de pourparlers directs.

Netanyahu, qui a dit prendre en compte les suggestions des Etats-Unis, a proposé un nouveau moratoire dans le territoire occupé théoriquement administré par Abbas "si les dirigeants palestiniens affirment sans équivoque à leur peuple qu'ils reconnaissent Israël comme la patrie du peuple juif".

En ce cas, "je serais prêt à réunir mon gouvernement et à demander un nouveau moratoire", a-t-il dit lundi devant la Knesset, faisant son affaire des objections de ses partenaires de coalition des partis religieux et de l'ultra-droite.

Nabil Abou Rdaïnah, porte-parole d'Abbas, a répliqué aussitôt que les Palestiniens refusaient ce préalable d'une reconnaissance du caractère juif d'Israël, un Etat issu d'une partition de la Palestine du mandat britannique et dont les Arabes forment encore 20% de la population.

"La question de la judaïté de l'Etat n'a rien à voir avec le sujet", a dit Abou Rdaïnah à Reuters. Devant la Knesset, le Premier ministre israélien a au contraire affirmé que c'était un préalable à toute création du futur Etat palestinien.

"L'ESSENCE DU SIONISME"

Le gouvernement Netanyahu, sous la pression de son extrême droite, a adopté un projet de loi exigeant que tout candidat à la citoyenneté israélienne jure loyauté envers "l'Etat juif et démocratique d'Israël" - une manière détournée d'exclure les réfugiés des guerres de 1948 et 1967.

En l'état, la loi israélienne précise que les Juifs immigrant en Israël obtiennent automatiquement la nationalité israélienne tandis que les non-Juifs doivent simplement prêter serment envers "l'Etat d'Israël".

Le projet de loi, qui doit encore être adopté par la Knesset, "est l'essence du sionisme et de l'Etat d'Israël", a souligné Benjamin Netanyahu, espérant en échange le soutien du parti d'extrême droite de son ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman à la poursuite du fragile processus de paix.

Avec l'appui de la Ligue arabe réunie ce week-end en Libye, Mahmoud Abbas avait donné un mois à Washington pour tenter de convaincre Israël de décréter un nouveau moratoire. Washington s'efforce d'en obtenir un de deux mois pour sauver les pourparlers, dit-on de source israélienne. Benjamin Netanyahu a dit étudier les suggestions américaines.

Dimanche, Saëb Erekat, chef de l'équipe des négociateurs palestiniens, a souligné que le gel de la colonisation et la poursuite des négociations directes restaient la voie privilégiée par le successeur du défunt Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne.

Mahmoud Abbas avait évoqué devant la Ligue arabe l'alternative d'une reconnaissance d'un Etat palestinien par le Conseil de sécurité de l'Onu, mais cette hypothèse est rejetée par Israël, selon lequel il n'y aura pas de paix sans négociations bilatérales.

Jeffrey Heller à Jérusalem et Ali Saouafta à Ramalllah, Pierre Sérisier, Guy Kerivel et Marc Delteil pour le service français, édité par Gilles Trequesser