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A Tripoli, l'enterrement des présumées victimes civiles

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par Michael Georgy TRIPOLI (Reuters) - Dans un cimetière surplombant la Méditerranée, des Libyens enterrent leurs morts, tués, disent les...

par Michael Georgy

TRIPOLI (Reuters) - Dans un cimetière surplombant la Méditerranée, des Libyens enterrent leurs morts, tués, disent les responsables gouvernementaux, par des bombes occidentales.

Les journalistes étrangers ont été escortés dimanche jusqu'à ce site où des partisans de Moummar Kadhafi s'emportent contre les avions et les missiles qui, disent-ils, ont semé la mort au cours des deux derniers jours dans la capitale libyenne.

Les parents des victimes parlent en des termes plus mesurés. Leurs récits contradictoires sur les circonstances des décès ne permettent pas d'évaluer la véracité de la version officielle.

Pendant qu'un imam livre un sermon enflammé à une foule qui se présente comme proche des défunts, pendant que des hommes en civil tirent en l'air au fusil d'assaut, l'oncle d'une fillette morte à l'âge de trois mois se tient devant sa tombe fraîchement creusée, recouverte de quelques roses.

Mouhammad Salim, qui semble calme, raconte que sa nièce a été tuée à son domicile par une frappe aérienne qui a également blessé sa mère. Le père déclare que personne n'a été blessé.

"C'est ça qu'on appelle la démocratie? Ce n'est qu'un massacre d'innocents, de bébés", lance un adolescent alors que les esprits s'échauffent, que retentissent des appels à la guerre sainte.

Un responsable du gouvernement libyen a déclaré que les frappes aériennes menées au cours de la nuit de samedi à dimanche par les forces françaises, britanniques et américaines avaient fait 64 morts.

L'armée américaine a déclaré n'être informée d'aucune perte civile due aux raids de la coalition, mais la Russie, hostile à l'intervention, a déclaré que les attaques avaient fait des victimes civiles.

COMPLOT

Les gardes qui surveillent de près tous les déplacements des journalistes dans la capitale refusent de conduire les reporters sur les sites présumés des bombardements ou dans les hôpitaux où seraient soignées les victimes des raids.

L'un des morts inhumé dans le cimetière se nomme Ramadan al Zirgani, mais les renseignements fournis sur cet homme par ses proches se contredisent. Certains le disent au chômage, d'autres chauffeur de taxi. Son âge, les circonstances de sa mort, varient également selon les témoins.

Certains déclarent qu'un mur touché par une bombe s'est effondré sur lui, d'autres qu'un missile a détruit sa voiture.

Autour de sa tombe, les discussions portent sur le sentiment que la Libye est injustement frappée par les Occidentaux, qui négligent en revanche d'intervenir contre la répression sanglante de manifestations dans d'autres pays arabes, comme Bahreïn ou le Yémen.

"C'est un complot contre la Libye", déclare Mouhammad Himali, âgé de 30 ans, employé d'une compagnie des eaux. Il assure être venu au cimetière de son plein gré. "Le gouvernement n'a rien à voir avec ça."

"Si les Occidentaux veulent nous voler notre pétrole, qu'ils le fassent. Mais nous le brûlerons et nous les brûlerons avant", renchérit Ahmed al Daoui, un marchand de vêtements.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français

REUTERS