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À Chypre, l'indépendantiste Dervis Eroglu revendique la victoire

Le Premier ministre chypriote turc Dervis Eroglu (ici aux côtés de son épouse), un conservateur partisan de l'indépendance de la partie turque de l'île, a revendiqué dimanche la victoire dans l'élection présidentielle qui l'opposait au chef de l'Etat de c

Le Premier ministre chypriote turc Dervis Eroglu (ici aux côtés de son épouse), un conservateur partisan de l'indépendance de la partie turque de l'île, a revendiqué dimanche la victoire dans l'élection présidentielle qui l'opposait au chef de l'Etat de c - -

par Ayla Jean Yackley NICOSIE - Le Premier ministre chypriote turc Dervis Eroglu, un conservateur, a revendiqué dimanche la victoire dans l'élection...

par Ayla Jean Yackley

NICOSIE (Reuters) - Le Premier ministre chypriote turc Dervis Eroglu, un conservateur, a revendiqué dimanche la victoire dans l'élection présidentielle qui l'opposait au chef de l'Etat de centre gauche sortant, Mehmet Ali Talat.

Dervis Eroglu, farouche partisan de l'indépendance de la partie chypriote turque de l'île, était crédité de 50,36% des suffrages après dépouillement de 95% des bulletins. Il a rapidement revendiqué la victoire.

"C'est très agréable de remporter une élection, bien plus que de perdre", a plaisanté Eroglu. "Je suis sur le point de devenir un président élu par son peuple."

Peu après, devant ses partisans, le vainqueur a affirmé sa proximité avec Ankara. "Nous travaillerons toujours en coopération avec notre mère patrie, la Turquie."

Dans la partie grecque de Chypre, la victoire d'Eroglu, si elle était attendue, a été mal accueillie.

"Son élection est un développement négatif, étant donné les opinions exprimées par M. Eroglu", a commenté Stefanos Stefanou, porte-parole du gouvernement chypriote grec, seul reconnu par la communauté internationale.

"Ce qui compte à présent, c'est de considérer les bases de ce développement, de déterminer notre attitude et nos tactiques à venir, afin de mettre en oeuvre une solution", a-t-il ajouté à l'antenne de la Cyprus Broadcasting Corporation.

Le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, a de son côté assuré que son pays maintiendrait son appui aux pourparlers de paix quelle que soit l'issue du scrutin.

Ankara, a-t-il ajouté, s'emploiera à parvenir à une solution pour Chypre avant la fin de l'année 2010.

RISQUE DE BLOCAGE DIPLOMATIQUE

Il appartiendra désormais à Eroglu de négocier un règlement de l'île divisée depuis 1974 entre une partie chypriote turque non reconnue par la communauté internationale et une partie grecque qui représente Chypre dans l'Union européenne. Sans un accord, les Chypriotes grecs bloqueront toute adhésion de la Turquie à l'UE.

"Beaucoup de gens considèrent qu'un accord est à portée de main. S'il ne se fait pas maintenant, il est très difficile de voir quand une autre occasion se présentera", confiait avant le scrutin un diplomate au fait des négociations.

Agé de 72 ans, Dervis Eroglu, Premier ministre du gouvernement chypriote turc que seule la Turquie reconnaît, est favorable à un partenariat entre peuples égaux et souverains, ce que la partie chypriote grecque juge inacceptable.

Son adversaire malheureux Mehmet Ali Talat, 58 ans, et le président chypriote grec Demetris Christofias ont lancé des pourparlers de paix en 2008, s'orientant vers la création d'une fédération souple.

Dervis Eroglu s'est engagé à poursuivre ces discussions mais ses revendications aboutiraient dans le meilleur des cas à ralentir le processus, notent les diplomates.

"Je pense que la personnalité élue devrait reprendre les discussions là où elles ont été rompues, et non reprendre à zéro, avec des opinions faussées sur une issue à deux Etats", déclarait le président chypriote grec Demetris Christofias avant le scrutin.

Chypre est divisée depuis l'invasion turque du nord de l'île pendant l'été 1974, consécutive à un coup d'Etat à Nicosie inspiré par le régime militaire grec.

Jean-Stéphane Brosse et Gregory Schwartz pour le service français