BFMTV
International

500 ans du protestantisme: dans l'Allemagne de Luther, il y a moins de protestants que de catholiques

Frank-Walter Steinmeier, le président allemand, inaugurant une exposition consacrée à Luther, pour l'anniversaire du protestantisme, à Berlin.

Frank-Walter Steinmeier, le président allemand, inaugurant une exposition consacrée à Luther, pour l'anniversaire du protestantisme, à Berlin. - Bernd von Jutrczenka / POOL / AFP

Ce mardi marque les 500 ans de la naissance du protestantisme. Mais après cinq siècles d'existence, et dans le contexte d'un recul général du christianisme dans leur pays, les Allemands sont désormais moins nombreux à se déclarer protestants que catholiques.

Le protestantisme célèbre ce mardi ses 500 ans d'existence. On peut en effet fixer la naissance de ce courant du christianisme, qui se divise en de très nombreux mouvements, au 31 octobre 1517 lorsque le moine allemand Martin Luther placarda sur les portes de l'église de Wittemberg ses 95 thèses qui allaient lancer un long conflit avec le pape et provoquer es décennies de guerres de religion. Mais l'Allemagne d'Angela Merkel n'est pas celle de Martin Luther. Vieux de cinq siècles, le protestantisme compte à présent moins de fidèles que le catholicisme en Allemagne. 

Un recul général, plus marqué chez les protestants 

Il faut toutefois noter que la décrue de la croyance, sensible, en Allemagne touche aussi bien l'Eglise romaine que sa cadette réformée. Mais cette dernière a perdu la majorité qu'elle a très longtemps tenu dans le pays. Cet article des experts Matthias Koenig et Sabine Trittler publié sur le site du Projet Eurel, qui se donne pour but de diffuser les "données sociologiques et juridiques sur la religion en Europe et au-delà", a montré l'évolution du rapport de forces.

En 1960, les protestants sont encore majoritaires au pays du fondateur de leur culte: on en recense alors 28.529.000, soit 50,8% des ressortissants, pour 25.800.000 de catholiques, soit 46,5% de la population. Mais dix ans plus tard, le tournant s'opère: on compte 47,7% de catholiques pour 46,8% de protestants. Après quatre décennies de déclin du christianisme allemand, en 2010, l'écart se creuse et l'on considère que 24.651.000 Allemands (30,2%) sont catholiques et 23.896.000 (29,2%) protestants. 

Les chiffres pour l'année 2016, diffusés il y a quelques semaines par La Croix se fondant sur les statistiques avancés par les différentes églises, confirment à la fois l'érosion de l'identité chrétienne en Allemagne et la distance séparant les deux grandes familles religieuses. Cette fois-ci, on juxtapose 23,5 millions de catholiques, 28,5% de la population, et 21,9 millions de protestants, soit 26,5%. 

Dans l'analyse citée plus haut, Matthias Koenig et Sabine Trittler évoquent différents facteurs pouvant expliquer le glissement dont sont victimes le catholicisme et surtout l'Eglise réformée en Allemagne. Le premier tient à la sécularisation: on enregistre désormais plus d'enterrements que de baptêmes dans les lieux de culte depuis les années 1970. Il y a également plus d'émigrations que d'immigrations de chrétiens. Enfin, les églises et les temples voient davantage de leurs ouailles s'éloigner que de nouveaux pratiquants entrer. 

36,7% de protestants parmi les chrétiens dans le monde

Une particularité fiscale allemande pourrait aussi en partie expliquer ce désamour religieux, comme le souligne ici The Telegraph: l'impôt d'église. Les Allemands baptisés sont automatiquement décomptés comme chrétiens et tenus de s'acquitter de cette taxe qui sert entre autres à financer les différentes activités ecclésiales. La payer permet d'avoir accès aux écoles confessionnels comme, sur un plan spirituel, celui aux sacrements. En revanche pour échapper à cet impôt, il faut procéder à une déclaration formelle dans laquelle l'individu renonce à son appartenance à son église. 

Il y a 500 ans, la vente des "Indulgences", c'est-à-dire la possibilité pour le pécheur de racheter ses péchés en desserrant les cordons de sa bourse, entraînait la fondation du protestantisme. Aujourd'hui, une disposition du fisc allemand contribue à éloigner les fidèles des autels. 

Au-delà du seul cas allemand, le centre de recherches américain Pew Research Center a cherché à connaître les situations respectives des catholiques et des protestants à l'échelle mondiale. Les premiers représentent actuellement 50,1% des chrétiens sur la planète, les seconds, 36,7%. 

Robin Verner