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La crise du logement, qui sert de justification au regain de violence du Front de libération de la Bretagne, est-elle avérée?

En 2022 et 2023, le Front de libération de la Bretagne aurait commis des incendies et dégradations dans six communes bretonnes. Dans un courrier signé du mouvement, il l'explique par la difficulté des Bretons à se loger chez eux.

Le Front de libération de la Bretagne est-il de retour? Une enquête est en cours après que le 20 juillet un courrier signé du mouvement a été envoyé à plusieurs médias afin de revendiquer des incendies et dégradations dans six communes en 2022 et 2023.

France Bleu les liste: "Des "opérations de représailles" à Caurel dans les Côtes-d'Armor, le 18 mai 2022. À Landunvez dans le Finistère, le 12 janvier 2023, à Morlaix le 10 juin 2023, au Palais à Belle-Ile le 3 mai 2023, à Concarneau le 5 mai 2023 et à Trébeurden, dans les Côtes-d'Armor, le 16 juin dernier". Et pour justifier ce regain de violence, le signataire du courrier dénonce la crise du logement et explique que "rester vivre au pays n'a jamais été aussi difficile".

Même si, évidemment, rien n'excuse les violences et les dégradations, le fait est que les Bretons subissent de plein fouet le manque de logements. Dans un papier que nous avions publié en mai, nous expliquions que les résidences secondaires représentent 12% de l'ensemble des logements en Bretagne (233.600 au total), une proportion qui grimpe à 16% dans le Morbihan et 14% dans les Côtes-d'Armor, contre 9% en moyenne en France métropolitaine, selon les chiffres de l'Insee. Parmi les championnes des résidences secondaires, on trouve la communauté de communes de Belle-Ile-en-Mer (Morbihan) avec un taux de 50%, celle de la Côte d'Emeraude (Dinard et communes voisines) avec 35% et celle d'Auray-Quiberon avec 31%.

Petite nuance à préciser, si le cliché du "Parisien" détenteur de résidences secondaires n'est pas totalement infondé, ce sont surtout les Bretons eux-mêmes qui en profitent: 43% des propriétaires ont leur résidence principale également en Bretagne (très majoritairement dans le département où ils vivent) contre 30% domiciliés en Ile-de-France.

Les prix s'envolent

Sans surprise, les prix s'envolent en Bretagne. Depuis mars 2020, les prix ont augmenté en moyenne de 18,7% sur l’ensemble du territoire national, d'après une étude du mois d'avril de MeilleursAgents. Les 20% des villes les plus dynamiques sur ces trois dernières années se concentrent sur la Normandie, la Côte Atlantique et surtout la Bretagne.

"Les évolutions de prix les plus fortes n’ont pas eu lieu dans les villes les plus peuplées de cette zone. Les sous-régions côtières ont porté la dynamique avec, par exemple, les villes de Treffiagat et Saint-Jean-Trolimon, dans le Finistère, qui ont vu le prix des maisons augmenter de +52,9% en moyenne sur ces trois dernières années. En ce début avril, il faut compter respectivement en moyenne 2 804€ et 2 404€/m2 pour investir dans un pied à terre là-bas". Parmi les villes bretonnes où les prix ont progressé de plus de 50% en trois ans, se trouvent : Plomeur, les prix se sont envolés de 52,8% à 2.637 euros du mètre carré, à Penmarch de 52,2% à 2.958 euros, à Loctudy de 52,2% à 3.442 euros, à Plobannalec-Lesconil de 52,1% à 3.053 euros.

Des prochaines années qui s'annoncent compliquées

En janvier dernier, LocService publiait une étude sur la tension locative en France, c’est-à-dire la difficulté à trouver un logement à louer dans une ville. Et Rennes arrivait à la deuxième place.

Et les prochaines années risquent d'être compliquées également. En effet, la loi zéro artificialisation nette des sols risque de faire des victimes. D'ici 2031, les communes devront diviser par deux le rythme d'artificialisation des sols en fonction de la surface qu'elle avait déjà artificialisée entre 2011 et 2021.

Mais pour Claude Joncour, conseiller municipal de l’opposition à Châteauneuf-du-Faou dans le Finistère, cela va "pénaliser les territoires ruraux qui auront peu ou rien consommé, contrairement aux grandes villes qui ont beaucoup construit", déclarait-il à Ouest-France en juin. Des discussions sont en cours, mais quoi qu'il en soit, le foncier constructible va mécaniquement se réduire dans la région, ce qui devrait renchérir le prix des terrains dans les années à venir.

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco