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Prix immobilier

Baisse du pouvoir d'achat immobilier: que peut-on encore acheter avec 1000 euros par mois?

Selon les calculs du site MeilleurTaux, en empruntant sur 20 ans, les acquéreurs pouvant consacrer 1000 euros au remboursement de leur crédit, ont perdu plus de 40 m2 à Angers et au Mans et près de 20 m2 en moyenne en France.

Pour lutter contre l’inflation, la Banque centrale européenne a décidé de freiner la croissance, de rendre l’argent plus cher en faisant grimper le taux des crédits. Et si les effets de cette politique sur la hausse des prix à la consommation se fait attendre, sa conséquence immédiate la plus perceptible pour les ménages, c’est une baisse assez drastique sur leur pouvoir d’achat immobilier.

Et pour cause: les prix des appartements et des maisons ont continué à augmenter en 2022 alors que le coût des emprunts s’est mis à augmenter sensiblement. On est passé pour un prêt sur 20 ans de 1,1% fin 2019 à 2,2% le mois dernier. Autrement dit, pour la même durée de remboursement, un emprunteur va soit devoir payer davantage chaque mois, soit se contenter d'un prêt moins conséquent. Le site MeilleurTaux a calculé qu’en moyenne, pour une mensualité de 1000 euros avec un crédit sur 20 ans, on pouvait s’acheter 78 m2 fin 2019 contre 58 m2 en décembre dernier, soit 20 m2 de moins.

A Angers, on est passé du F5 au F2 en 3 ans

Mais la perte de pouvoir d’achat immobilier a été encore plus sensible dans les villes où les prix au m2 ont le plus augmenté. Et notamment, comme le souligne Le Parisien, dans une poignée de villes moyennes. Au Mans, c’est 41 m2 de moins en 3 ans. A Saint- Etienne 36 m2, au Havre 32 m2. Le cas d’Angers est particulièrement spectaculaire. Pour 1000 euros par mois on pouvait, fin 2019, s’offrir un F5 de 94m2, alors qu’avec la même mensualité aujourd’hui il faut se contenter d’un F2 de 52 m2. Et pour cause, à Angers le prix du m2 a augmenté sur trois ans de près de 50%.

Même dans les grandes villes où les prix n’évoluent plus à la hausse, le pouvoir d’achat immobilier a continué à baisser du fait du renchérissement du crédit. Avec 1000 euros de mensualité par mois, un locataire qui n’a pas d’apport ne peut plus acheter que 17 m2 à Paris contre 20 m2 il y a trois ans. Et même à Lyon ou à Bordeaux, pour 1000 euros par mois, acheter plus de 40 m2 relève de l’exploit, ce qui n’était pas le cas fin 2019.

A mensualité égale, les sommes prêtées pourraient baisser de plus de 10% cette année

La baisse du pouvoir d’achat immobilier restera-t-elle la règle cette année? Inévitablement, puisque les taux vont augmenter assez sensiblement. Le prêt à 2,2% sur 20 ans que l’on pouvait encore décrocher fin décembre devrait passer à pas moins de 3,5% d’ici la fin de l’année. Cela veut dire qu’un couple qui gagne 3000 euros à deux et peut rembourser un peu plus de 1000 euros par mois à sa banque va voir le montant maximal de son crédit passer d’un peu moins de 200.000 euros fin 2022 à un peu plus de 175.000 euros d’ici la fin de l’automne prochain.

Or il y a peu de chance qu’entre temps, les prix baissent de plus de 10%. C’est pourtant ce qu’il faudrait pour que le pouvoir d’achat immobilier cesse de baisser. Et c'est à cette aune que doit se comprendre la politique très restrictive décrétée par la Banque de France dans l'évolution du taux de l'usure. En refusant de relever fortement les taux maximum auxquels peuvent prêter les prêteurs, elle va réduire le nombre potentiel de ceux qui peuvent encore emprunter, obligeant, progressivement, les vendeurs à revoir leurs prétentions à la baisse.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco