BFM Immo
Location

Pour la Fnaim, près de 60% des annonces de location ont disparu en moins en 5 ans

Lors de sa dernière étude publiée au mois de janvier, la Fnaim constate une chute de 59% des annonces de location immobilière au cours des 5 dernières années. L'une des principales raisons à ce frein est... le manque d'acheteurs immobiliers. Explications.

La courbe est impressionnante. Alors que le nombre d'annonces de location immobilière était en léger déclin ces dernières années, il a brutalement chuté à partir de juillet 2021. Ainsi, la Fnaim – qui s'appuie sur les chiffres de la plateforme Bien'Ici* - constate que depuis le dernier point haut en 2019, le nombre d'annonces de location immobilière a reculé de 59%. Attention, précise bien Loïc Cantin, président de la Fnaim, "ce n'est pas une diminution de l'offre réelle de 60%. Il s'agit bien des annonces de location. Il y a des logements qui se relouent sans communication". On voit en parallèle le nombre d'annonces de biens à vendre considérablement augmenter (+33%) sur la période (voir graphique ci-dessous).

De son coté, Corinne Jolly, présidente de PAP, constate la même tendance: "Nous observons une baisse de 28% du volume de location sur 5 ans de notre côté, et la baisse est particulièrement marquée cette année (-15 %)". Enfin, pour le portail SeLoger, la pénurie s’est également installée et aggravée ces deux dernières années avec fin 2023 une baisse de -36% en deux ans.

Location : ces agences dépassées par la demande - 11/01
Location : ces agences dépassées par la demande - 11/01
3:31

Comment expliquer cette chute des annonces de location ces dernières années? Plusieurs pistes peuvent être évoquées. Tout d'abord, on peut rappeler que la loi qui interdit progressivement la location des passoires thermiques a été publiée en août 2021, créant ainsi un climat de crainte pour les propriétaires. Une inquiétude qui n'aurait pas été suivie d'un retrait des locations pour le moment, selon Corinne Jolly. "Les propriétaires sont inquiets au sujet des contraintes liées à la rénovation énergétique, mais à ce stade peu ont cessé de louer pour cette raison: nous ne pensons donc pas que la loi Climat et Résilience soit, pour l’instant, à l’origine de la baisse du nombre de locations".

Manque de rotation

En revanche, Airbnb prend de plus en plus de place. Corinne Jolly explique: "Il y a une érosion lente du parc locatif d’habitation vers la location touristique. La tendance peut légèrement fluctuer selon les années (lors du Covid, il y a clairement eu des propriétaires qui sont revenus vers la location d’habitation, mais à l’approche des JO, à l’inverse, certains reconsidèrent la location touristique, etc.). Mais au global, certains propriétaires ont abandonné la location classique, souvent pour échapper aux diverses contraintes de la location d’habitation (encadrement des loyers, rénovation énergétique, etc.)".

Surtout, note Loïc Cantin, il y a un vraiment problème de rotation depuis fin 2022. "La rotation est ralentie car il y a moins d'acheteurs". Donc des locataires qui auraient pu accéder à la propriétaire restent finalement dans leur location. "La chaîne de mobilité résidentielle est bloquée".

La présidente de PAP abonde dans le même sens: "Il y a cette année spécifiquement un blocage du marché locatif lié au fait que les locataires ayant d’énormes difficultés à acheter, ils restent dans leur bien en location, et ne libèrent donc plus le logement. Nous observons un manque de rotation des logements, avec des biens qui seraient normalement revenus sur le marché mais qui ne reviennent pas. Il s’agit donc d’un dommage collatéral de la hausse des taux de crédit". Et pour Loïc Cantin, les choses ne sont malheureusement pas près de s'arranger: "Le gouvernement écoute mais il n'entend rien".

*Méthodologie: Il s’agit du nombre d’annonces disponibles sur le site bienici.com (ce sont des données de Bien’ici, qui est un plus gros site d’annonces que celui de la Fnaim), ramenés à une base 100 en janvier 2019.

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco