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Pénurie de logements étudiants: quel prix pour une colocation dans votre ville?

Une colocation coûte moins cher qu'un studio même si les prix varient grandement d'une ville à l'autre, avec par exemple 276 euros par mois à Limoges contre 723 euros à Paris.

Le nouveau ministre du Logement Patrice Vergriete le reconnaît lui-même dans Le Parisien ce vendredi: les étudiants ont bien du mal à trouver un logement. Certes, le ministre indique que 7000 logements sociaux étudiants ont été construits l'an passé. "C’est peu à l’échelle des 2,8 millions d’étudiants en France, mais on n’en a jamais autant créés", assure Patrice Vergriete. C'est quoi qu'il en soit une goutte d'eau par rapport aux besoins.

Combien y a-t-il de logements spécifiquement destinés aux étudiants en France? Fin 2021, on dénombrait 174.077 places gérées par les Crous. Il faut y ajouter les logements avec des tarifs sociaux gérés par les offices HLM ou certaines organisations comme Fac Habitat: environ 60.000, selon les données du ministère de la Transition écologique. Enfin, il existe des résidences de services étudiantes privées, qui représentent autour de 160.000 places en 2022 selon les estimations de CBRE à partir de données de Xerfi. Au total, on compte donc environ 394.000 places pour des étudiants, que ce soit dans le public ou dans des résidences privées.

Or, il devait y avoir 2,99 millions d'étudiants dans le supérieur à la rentrée 2022, selon les projections du ministère de l'Enseignement supérieur de la Recherche. La grande majorité d'entre eux doivent donc aller voir dans le parc locatif privé classique. Or, ce marché est particulièrement tendu. Dans le réseau d’agences Laforêt, l’offre de biens mis en location a baissé de 20%, tandis que la demande a grimpé de 20% sur les six premiers mois de l’année. C’est le même constat dans les autres réseaux. Par exemple, chez Century 21, on constate aussi 20% de mandats de location en moins au premier semestre.

Moins de biens mis en location

Pourquoi la demande augmente tandis que l’offre baisse ? En fait, plusieurs facteurs jouent en parallèle. Avec des crédits immobiliers de plus en plus cher, vous avez beaucoup de ménages qui renoncent à devenir propriétaires et qui restent donc locataires. Il y a moins de rotation sur le marché locatif et donc moins de biens à louer.

En plus de ça, il y a l’interdiction progressive à la location des passoires thermiques. Beaucoup de propriétaires préfèrent vendre plutôt que de faire les travaux. Et en général, ceux qui achètent des passoires thermiques vont y habiter car l’interdiction ne les concerne pas. Donc on a tout un tas de biens qui sortent encore du marché locatif.

Ensuite, les plafonnements de loyer et la réglementation des locations. De plus en plus de propriétaires s’en plaignent et là encore certains jettent l’éponge pour revendre. Et puis il y a un effet Airbnb à ne pas négliger. Des biens qui étaient il y a quelques années mis en location pour des étudiants ou de jeunes actifs servent maintenant à de la location saisonnière pour des touristes. C’est beaucoup plus rentable et avec beaucoup moins de contraintes que la location longue durée.

Moins cher qu'un studio

Pour ceux qui ont du mal à trouver, il y a une option qui peut être intéressante: la colocation, en tout cas pour ceux qui ne craignent pas de vivre en communauté. Et c’est souvent moins cher. En moyenne, il faut compter 448 euros charges comprises en France pour avoir une chambre en colocation, d’après une étude du site spécialisé LocService.fr. Louer un studio seul, c’est 22% plus cher, avec une moyenne de 547 euros par mois. Par contre, il est vrai que l’écart de prix entre un studio et une chambre en colocation a tendance à se réduire puisqu'un studio était encore 27% plus cher il y a un an.

Alors bien sûr, le loyer va dépendre de la commune que vous visez. A Paris, pour une chambre en colocation, il faut compter 723 euros, en Ile-de-France 555 euros, tandis qu’en dehors de la région parisienne 409 euros suffisent en moyenne. A Rennes, il faut compter 445 euros pour une chambre en colocation, à Lille 490 euros, à Montpellier 461 euros, à Marseille 477 euros, à Bordeaux 551 euros et à Lyon 499 euros en moyenne.

27 ans en moyenne

Locservice a par ailleurs regardé combien il y avait de demandes de colocation sur son site par annonce. Et il a fait un top 5 des villes où c’est le plus simple et un top 5 des communes où c’est le plus difficile. Là où on a le plus de mal, c’est à Paris, suivi de Rennes, Lille, La Rochelle et Lyon. Inversement, là où il est plutôt facile de dénicher une colocation, c’est à Amiens, puis à Saint-Etienne, Rouen, Nancy et Marseille.

Enfin, et c'est une tendance depuis déjà plusieurs années, la colocation ne concerne pas que des étudiants. Vous avez aussi de jeunes actifs, qui représentent 39% des candidats. Et vous avez même quelques retraités ou personnes sans activité, même si ça reste marginal par rapport aux étudiants (58% des candidats).

L’âge moyen d'un colocataire est ainsi de 27 ans (78% ont moins de 30 ans et 6% plus de 50 ans). Et en général, pour les personnes interrogées, la colocation idéale c’est à 3. Enfin, si la moitié des gens (51%) indiquent que leur choix s’explique par le fait de faire des économies, pratiquement les trois quarts d’entre eux (73%) sont là aussi pour faire de nouvelles rencontres. La colocation est aussi devenu un mode de vie qui attire.

https://twitter.com/jl_delloro Jean-Louis Dell'Oro Rédacteur en chef adjoint BFM Éco