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Ces étudiants rennais qui ne trouvent toujours pas de logements après la rentrée

La capitale bretonne accueille environ 72.000 étudiants. Un chiffre qui augmente, contrairement à l'offre de logements.

Des résidences étudiantes et un marché locatif privé saturés, des arnaques en tout genre... Quelques semaines après la rentrée, le parcours du combattant se poursuit pour des étudiants à la recherche d'un logement à Rennes, avec à la clé des risques de décrochage. La capitale bretonne, régulièrement classée parmi les villes étudiantes les plus attractives en France, accueille environ 72.000 étudiants, un chiffre en constante augmentation. Revers de la médaille, ils peinent à se loger, à l'image de ce qui se passe dans d'autres villes.

Déjà en 2022, "des étudiants avaient abandonné leur master, faute de logement", indique à l'AFP Cécile Lecomte, vice-présidente vie étudiante de l'université de Rennes, forte de 37.500 étudiants. Pour cette nouvelle rentrée, "ça se dégrade". "Sans logement, impossible de suivre des études correctement. (Les étudiants) dorment chez l'un, chez l'autre, voire dans leur voiture", déplore-t-elle.

Assibahati Ali, 26 ans, a fait sa rentrée le 5 septembre en classe préparatoire à l'Institut de préparation à l'administration générale (Ipag). Elle vient de Brest en train pour suivre des cours qui peuvent s'étaler de 9H à 20H, jusqu'à six jours par semaine. Avec un réveil à 5H du matin pour arriver à 8H50 à l'Ipag, "c'est super fatigant", témoigne la jeune femme passée par les "prépa talents", un parcours sélectif. Elle débourse environ 40 euros par jour en train et pioche dans ses économies. Elle a cherché une chambre dans les foyers jeunes travailleurs mais était sur "liste d'attente", a épluché les petites annonces et fait le tour des agences immobilières. Beaucoup d'annonces sur les sites internet "étaient des arnaques" et les agences immobilières n'avaient plus rien à louer dès début septembre, énumère Assibahati Ali.

Un appel du directeur de l'université

Cécilia, 18 ans, (elle n'a pas voulu donner son nom de famille), désespère aussi de trouver un studio. Cette étudiante en licence 2 de droit, venue du Havre, s'est tournée vers les agences immobilières, échaudée elle aussi par "les arnaques" sur les sites de petites annonces, mais "elles n'ont pas de propositions pour l'instant". Depuis sa rentrée universitaire début septembre, elle a séjourné dans des chambres louées via Airbnb, "j'en ai fait trois en une semaine", pour un budget journalier de 50 à 60 euros, et est à présent chez des amis en banlieue de Rennes. Ses parents, médecins, ont revu le budget pour loger leur fille à la hausse, de 600 euros par mois à environ 750 euros.

"C'est le sujet principal de toutes les discussions dans l'amphithéâtre", relate Cécilia.

Mi-septembre, le directeur de l'université de Rennes, David Alis, a lancé un appel aux personnels disposant "d'une chambre ou d'un logement vacant" pour "pouvoir offrir de nouvelles propositions" aux étudiants et aux étudiantes "de notre université sans logement le plus rapidement possible". Dans le secteur privé, "on va vers une pénurie de logements locatifs" avec des appartements vieillissants, dont certains vont tomber sous le coup de l'interdiction progressive de louer des passoires thermiques, et un nombre de constructions neuves en forte baisse à Rennes, s'alarme Jérôme Lebrun, président de la chambre locale de la Fédération nationale de l'Immobilier (Fnaim).

La métropole de Rennes cherche des solutions d'urgence et à plus long terme. A court terme, ça peut être "de l'habitat conteneur comme il en existe au Havre, ça peut être développé en six mois", "des colocations dites solidaires" à loyer modéré dans des quartiers populaires contre du bénévolat, ou "utiliser des logements en attente de réhabilitation pour y installer des colocations étudiantes", énumère à l'AFP Honoré Puil, vice-président de Rennes métropole en charge de l'habitat.

A plus long terme, "2.250 logements étudiants vont sortir de terre entre 2023 et 2027", poursuit-il, avec 300 nouvelles places pour des étudiants boursiers. Pour chacune de ses 5.600 chambres, le Crous a reçu quatre demandes. Pour Assibahati Ali, l'histoire se finit bien. Quinze jours après sa rentrée, elle a trouvé un logement. "Tant que j'ai un lit confortable et que je peux déposer mes valises, tout va bien", se réjouit-elle.

D.L. avec AFP