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Construction

Comment les artisans du bâtiment s'adaptent à la flambée du coût des matières premières

Face aux difficultés d'approvisionnement et à la hausse des prix des matériaux, les entreprises du bâtiment sont obligées de s'adapter. Les durées de validité des devis sont parfois raccourcies.

Bois, PVC, aluminium, acier... La crise des matériaux s'aggrave dans le bâtiment. Depuis le mois de janvier, les prix ont flambé de 18%, soit autant que sur toute l'année dernière. Une hausse des prix inquiétante pour les artisans, qui ont du mal à préserver leurs marges.

Seul moyen: répercuter la hausse sur le devis. Mais encore faut-il avoir un tarif défini à soumettre au client.

"Auprès de nos fournisseurs, on a parfois des prix qui nous sont garantis seulement 24 heures, avec un paiement immédiat pour garantir le tarif. Sachant qu'on a un carnet de commandes à environ 100 jours, ça rend la relation avec notre clientèle difficile. On préconise à nos artisans de mettre une durée de prix à 15 jours sur le devis présenté au client", explique Jean-Christophe Repon, président de la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), invité jeudi de BFM Business.

"On comprend bien qu'il y a une guerre en Ukraine, qu'il y a eu le Covid, mais on a parfois, au bout de la chaîne, des augmentations de prix qui sont difficilement justifiables ou incompréhensibles pour les clients", ajoute Jean-Christophe Repon, qui espère une plus grande transparence de la part des distributeurs, soupçonnés de profiter du contexte inflatinnoniste pour augmenter leurs marges.

Des problèmes de trésorerie

Les matériaux sont plus chers, mais aussi plus difficiles à trouver. Les entreprises du bâtiment peinent à s'approvisionner depuis la crise sanitaire. La forte reprise économique après le Covid a bousculé les carnets de commandes et désorganisé les filières d'approvisionnement.

La guerre en Ukraine n'a rien arrangé. La Russie est le cinquième producteur d'acier au monde, fournit 80% des besoins français en alumine, et exporte beaucoup de bois.

Les artisans ont du mal à s'approvisionner en matériaux. Résultat, certains chantiers sont à l'arrêt. Or, tant qu'un chantier n'est pas livré, l'entreprise n'est pas payée. A une période où les fournisseurs réclament de plus en plus régulièrement un paiement comptant pour l'achat de matériaux, les problèmes de trésorerie sont récurrents pour les artisans.

Sans compter que d'autres frais viennent aussi alourdir les dépenses des entreprises du bâtiment. "Auparavant, les livraisons étaient gratuites. Maintenant elles sont payantes, hausse des carburants oblige. De la même manière, avant, on avait des palettes gratuites, ce qui n'est plus le cas", déplore Jean-Christophe Repon.

Si Bruno Le Maire tient sa promesse formulée à la Capeb en avril dernier, des Assises du Bâtiment seront organisées après les élections législatives en juin. L'occasion de parler des difficultés de la filière depuis le début de la crise sanitaire.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech