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Naufrage dans la Manche: une famille kurde parmi les victimes

Une famille de Kurdes d'Irak a notamment péri dans le naufrage de 27 migrants qui tentaient de rejoindre l'Angleterre en bateau, fin novembre.

Une famille de Kurdes d'Irak a notamment péri dans le naufrage de 27 migrants qui tentaient de rejoindre l'Angleterre en bateau, fin novembre. - DR

Kazhal Ahmad et ses trois enfants sont morts mercredi dernier après avoir tenté la traversée de la Manche. Ils espéraient rejoindre Birmingham où vivent certains de leurs proches.

"Nous ne pouvions plus vivre ici. Ce n'était pas un endroit propice pour élever des enfants". Quelques jours après avoir prononcé ces mots à un journaliste du Times, Kazhal Ahmad, une Kurde d'Irak de 46 ans, et ses trois enfants, Mubin, Hadia et Hasti, sont morts dans la tentative de traversée de la Manche qui a fait 27 morts fin novembre. Le pire drame de ces dernières années pour ces traversées.

Les autorités françaises et irakiennes n'ont pour l'instant pas confirmé l'identité de ces victimes, mais d'après le journal britannique The Observer, des proches des victimes sont parvenus à recouper leurs informations en contactant les morgues et les passeurs, notamment. Il y a quelques jours, Mariam Nouri, une autre jeune Kurde d'Irak avait déjà été identifiée parmi les 27 victimes.

"Regardez où l'on vit, on ne peut pas rester ici"

Arrivée à Grande-Synthe depuis un mois, la famille avait quitté l'Irak en passant par la Turquie, l'Italie et la France. La mère, Kazhal Ahmad, espérait, comme la totalité des migrants présents sur le littoral calaisien, atteindre la Grande Bretagne en bateau.

Quelques jours avant qu'un passeur ne leur confirme l'imminence de la traversée, Khazal et sa famille avaient partagé leurs maigres ressources et leurs craintes avec un journaliste du Times: "Bien sûr que j'ai très peur. La seule pensée d'aller dans ce bateau avec mes enfants m'effraie à chaque instant. Mais regardez où l'on vit, on ne peut pas rester ici", déclarait cette mère de famille ancienne employée d'un hôpital de sa ville d'origine, Darbandikhan. Elle avait d'ailleurs laissé derrière elle son mari Rezgar Hussein, policier en Irak, tout en espérant qu'il les rejoigne plus tard.

Sa fille, Hadia, 22 ans, avait fait une école de dessin en Irak et espérait enseigner l'art en Angleterre. De son côté, Mubin, 16 ans, se voyait déjà barbier. Quant à la benjamine, Hasti, elle n'avait que 7 ans.

"On a toujours su que c'était dangereux"

Selon The Observer, mardi soir, quelques heures avant le naufrage mortel (les corps ont été découverts mecredi après-midi), Rezgar Hussein avait eu un dernier contact avec sa famille. Les circonstances du naufrage ne sont pas encore claires, mais selon le journal britannique, le fragile canot pneumatique aurait commencer à prendre l'eau alors qu'il se trouvait déjà en territoire britannique.

Dans les camps de migrants du littoral, la mort de 27 personnes, majoritairement kurdes, a choqué sans entraver la détermination à rejoindre l'Angleterre, dont les falaises ne sont qu'à une quarantaine de kilomètres de Calais. Un bout de mer en apparence insignifiant comparé à la distance déjà parcourue, et pourtant si dangereux, en raison des courants, de la température glacée de l'eau, ou encore du trafic maritime important.

Conscient du danger, Farouk Hussein, 32 ans, originaire d'Erbil en Irak, souhaite toujours tenter la traversée: "On a toujours su que c'était dangereux. Mais que peut-on faire d'autre? Il faut qu'on traverse sinon nous mourront ici dans ces camps".

Louis Chahuneau