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Migrants: à Calais, les associations sont "pessimistes" avant la réunion européenne de crise

Un hommage a été rendu à Calais aux migrants morts dans le naufrage d'une embarcation mercredi.

Un hommage a été rendu à Calais aux migrants morts dans le naufrage d'une embarcation mercredi. - FRANCOIS LO PRESTI / AFP

À la veille de la réunion organisée par la France pour un renforcement de la coopération européenne dans la lutte contre les passeurs, les associations d'aides aux migrants ne croient pas à une amélioration de la situation.

Les associations d'aides aux migrants du littoral nord se sont dites "pessimistes" samedi, avant la réunion de crise migratoire prévue dimanche à Calais après la mort mercredi de 27 migrants dans le naufrage de leur embarcation.

Cette réunion, organisée par la France pour un renforcement de la coopération opérationnelle dans la lutte contre les passeurs, doit réunir les ministres chargés de l'immigration belge, allemand, néerlandais et la Commission européenne, mais sans les Britanniques. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annulé l'invitation à Londres en riposte aux propos de Boris Johnson demandant à la France de reprendre les migrants arrivés en Grande-Bretagne.

"Quand le gouvernement accuse les passeurs, c'est une façon de masquer ses propres responsabilités, si la frontière n'était pas bloquée et s'il y avait des possibilités de passages légaux en Grande-Bretagne il n'y aurait pas de passeurs", a réagi François Guennoc, président de l'Auberge des migrants.

"Je suis très pessimiste" quant à cette réunion, "la politique ici à Calais, d'éviter les points de fixation, de garder la frontière pour les Britanniques et d'embêter au maximum les associations dans leur travail, elle, ne va pas changer", a-t-il estimé.

Pour Marguerite Combes, coordinatrice de l'antenne d'Utopia 56 "il faut absolument" que les politiques "se réveillent". "Si rien ne change dans les politiques qui sont menées partout en Europe et à la frontière ici on va revivre ce drame cet hiver".

Les associations demandent des actes forts

On attend "une réponse humaine" et "des actes à la hauteur du drame humain qui se joue à la frontière", affirme de son côté Juliette Delaplace, responsable locale de la mission du Secours catholique auprès des exilés.

"On attend de vrais actes qui vont permettre de protéger les personnes exilées", à la fois "sur le court terme" avec "la fin du harcèlement sous la forme d'expulsions", un "accueil digne", et sur le "moyen terme" il faut que les pays qui vont se réunir demain "soient forts pour négocier avec le Royaume-Uni des voies sûres et légales de migration".

"Ce que je crains, c'est que la réponse soit uniquement répressive et sécuritaire, que l'on continue de penser que le problème ce sont les passeurs alors que le problème ce sont les politiques qui encouragent et favorisent les réseaux de passeurs", a-t-elle ajouté.

Les hommages se poursuivent

Après le pire drame migratoire survenu dans la Manche, l'émotion restait vive samedi sur le littoral. À Boulogne-sur-Mer, quelque 200 personnes se sont réunies sous la pluie pour un hommage aux victimes. Ils ont observé une minute de silence avant un débat sur la problématique migratoire.

À Grande-Synthe, Yann Buridard, "bouleversée" est venue du Tréport participer à une distribution de repas aux migrants de l'association Salam. "J'ai été très touchée par tout ce qui s'est passé", et "je me suis dit que je ne pouvais pas passer mon week-end comme ça", a expliqué cette retraitée. "On a une espèce de rage au fond de nous face à la situation", affirmait pour sa part Bérénice Delègue, une assistante maternelle bénévole de Salam depuis 2016.

E.H. avec AFP