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Le ministre de l'Industrie lance la décarbonation de Dunkerque et Fos-sur-Mer

Roland Lescure, alors député, au palais de l'Elysée à Paris, le 29 juin 2020

Roland Lescure, alors député, au palais de l'Elysée à Paris, le 29 juin 2020 - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Les deux zones, qui représentent respectivement 21 et 25% des émissions industrielles de CO2 en France, vont être aidées par l'État à hauteur de 17 millions d'euros pour adopter des procédés de fabrication plus vertueux.

Le ministre de l'Industrie Roland Lescure a lancé ce lundi la décarbonation des deux bassins industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France, Dunkerque et Fos-sur-mer. Objectif: continuer de produire des matériaux de construction et de l'acier en Europe, mais sans réchauffer la planète.

Les deux zones, qui représentent respectivement 21 et 25% des émissions industrielles de CO2 en France, vont être aidées par l'État à hauteur de 17 millions d'euros pour adopter des procédés de fabrication plus vertueux sur le plan climatique et capter le CO2 excédentaire qui s'échappe dans l'atmosphère.

Financement d'études

L'aide contribuera surtout au financement des études préparatoires à des investissements en logistique et construction de réseaux de transport d'hydrogène ou de chaleur.

"L'idée, c'est de financer les études pour mettre en place des écosystèmes bas carbone dans une région", avait indiqué le ministre Roland Lescure au cours d'un entretien à l'AFP accordé vendredi dernier.

Car la chimie, la production de matériaux de construction, la sidérurgie-métallurgie ainsi que pharmacie ou le textile sont responsables de près de 20% des émissions nationales de gaz à effet de serre, en deuxième position derrière le secteur du transport qui représente 30% du total.

De l'aveu même du Citepa, l'organisme qui comptabilise les émissions françaises, l'industrie est le secteur qui a le plus décarboné en France depuis 1990 (-44% contre -12% pour le reste de l'économie), mais elle doit encore réduire ses émissions d'au moins 4% par an d'ici à 2030 pour respecter les objectifs climatiques du pays.

Le bassin industrialo-portuaire de Dunkerque, qui recevra 13,6 millions d'aides, est ainsi appelé à devenir la première "zone industrielle bas carbone" (ZIBAC) de France, a indiqué Roland Lescure.

"On met un peu trop de temps à libérer les capitaux"

Lundi à Dunkerque, le ministre s'est par ailleurs engagé à oeuvrer pour que "Bruxelles accélère un peu la cadence" en donnant son feu vert aux aides d'État attendues par le sidérurgiste ArcelorMittal pour son propre projet de décarbonation. Celui-ci vise à produire 4 millions de tonnes d'acier sans émission d'ici à 2026, grâce à des installations utilisant l'hydrogène, au lieu du charbon, et des fours électriques.

Le sidérurgiste a déposé un dossier de validation d'aide publique pour ses investissements de décarbonation il y a un an environ, en même temps au Canada et à Bruxelles. Il a déjà obtenu un feu vert canadien et engagé les travaux dans ses usines sidérurgiques nord-américaines. Alors que la réponse européenne traine en longueur pour valider l'aide publique proposée par l'État français lors du quinquennat précédent pour accompagner l'investissement total de 1,7 milliard d'euros d'ArcelorMittal pour décarboner la production à Dunkerque et Fos-sur-mer.

"On est victime de nos petits travers administratifs qui font qu'on met un peu trop de temps à libérer les capitaux", les procédures européennes sont "beaucoup trop lourdes", a déploré le ministre auprès de l'AFP.

120 millions d'euros pour la décarbonation de Chaux et Dolomies

Dans le secteur des matériaux de construction, très émetteur de gaz à effet de serre, Roland Lescure a par ailleurs annoncé, lundi soir, un soutien de 120 millions d'euros au projet de décarbonation de Chaux et Dolomies (groupe Lhoist) dans le Pas-ce-Calais, premier producteur de chaux en France. Cette aide est validée par Bruxelles, venant du fonds d'innovation européen.

Il s'agit d'un projet de captation de carbone, essentiel à la décarbonation de la production de chaux vive puisque la cuisson de calcaire, même à partir de biomasse, émet d'importantes quantités de dioxyde de carbone.

Le projet porté par le groupe belge Lhoist, en association avec Air Liquide, vise à capter et purifier 94% du CO2 provenant des fours à chaux de l'usine de Réty (Pas-de-Calais) où le ministre s'est rendu lundi. La mise en route des installations est prévue pour 2028.

Le CO2 capté serait ensuite transporté par pipeline, exporté et stocké géologiquement en mer du Nord dans le cadre d'un projet porté par Air Liquide qui mène parallèlement un autre projet de captage du CO2 avec le géant des matériaux Eqiom.

F.R. avec AFP