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"Je remuerai ciel et terre": le combat d'une Calaisienne pour éviter la déscolarisation de son fils autiste

Octavie Morino a réussi à obtenir l'accueil de son fils deux années supplémentaires en classe de maternelle, faute d'avoir obtenu une place dans l'un des Instituts Médico-Educatif de son secteur. Mais à la rentrée 2024, il pourrait se retrouver sans solution et être déscolarisé. Elle a lancé une pétition.

Octavie Morino parle d'un "parcours du combattant". Cette Calaisienne, mère de deux jumeaux de 7 ans atteints de troubles du spectre de l'autisme, se bat depuis plusieurs années pour intégrer l'un d'eux, porteur d'un trouble plus sévère, dans un Institut Médico-Educatif (IME) et éviter sa déscolarisation. Elle confie à BFMTV.com son désarroi face à une situation qui "tourne en rond".

Un délai de "trois à cinq ans"

Emilio a terminé son parcours de maternelle en juin 2022, mais faute de trouver une place dans l'un des deux IME du Calaisis, son établissement actuel lui a accordé une année supplémentaire. Un délai qui a laissé le temps à la mère de famille de "contacter tout le monde": l'Agence régionale de Santé des Hauts-de-France (ARS), la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH), et l'Elysée, qui l'a renvoyé vers l'ARS puis la MDPH.

Le résultat est le même, aucun des IME ne peut accueillir son enfant à la rentrée 2023, le premier assurant que ses équipements et personnels ne sont pas adaptés à sa prise en charge, et le deuxième lui indiquant avoir mis Emilio sur sa liste d'attente, dont le délai s'étale "de trois à cinq ans".

"L'entrée des plus jeunes est conditionnée par la sortie des plus grands, c'est bien car ils ne les laissent pas sur le carreau et les familles sans solution", reconnaît Octavie avant de décrire une situation où les plus âgés ont eux-mêmes des difficultés à trouver des établissements adaptés. "C'est le serpent qui se mord la queue".

"Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir"

En attendant, son fils est sans solution. L'établissement actuel d'Emilio a accepté à nouveau de l'accueillir une deuxième année de plus en septembre, mais ce sera "la dernière des dernières car, après, l'écart d'âge sera trop important avec ses camarades", explique Octavie Morino.

"Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il ait une place en IME sinon je remuerai ciel et terre pour qu'il ne soit pas déscolarisé car sinon tous les acquis de sa scolarisation vont passer à la trappe". Avant d'ajouter: "S'il arrête l'école, ce sera comme s'il n'y avait jamais mis les pieds".

Sa déscolarisation entraînerait aussi l'obligation pour elle de moins travailler pour s'en occuper. Or, celle qui élève seule ses enfants assure avoir besoin de ces ressources pour payer les soins de ses fils et rappelle par ailleurs qu'elle "est maman (...), pas professionnelle".

Elle en appelle à la "bienveillance" de Brigitte Macron

C'est pourquoi elle a aussi contacté des IME situés en dehors du Calaisis, dans le reste du Pas-de-Calais et de Nord, qui lui ont refusé tout placement sur liste d'attente car la famille vit en dehors de leur secteur. Quant à la solution de changer de région, elle l'envisagera en dernier recours.

Octavie Morino a décidé de contacter à nouveau l'Elysée, cette fois-ci en s'adressant à Brigitte Macron. Dans un courrier que BFMTV.com a pu consulter, et pour lequel elle n'a pas encore eu de réponse, elle "sollicite sa bienveillance" pour "essayer de faire quelque chose pour Emilio", et rappelle la situation similaire d'une mère qui a obtenu il y a deux ans une place en IME après intervention du couple présidentiel.

Une pétition pour "alarmer" sur la situation

En parallèle, Octavie Morino a lancé en avril dernier une pétition, qui a recueilli 2500 signatures, pour "alarmer" sur le manque de structures d'accueil pour les enfants en situation de handicap.

"Je le fais pour mes fils et les enfants porteurs de troubles mais aussi pour les parents d'enfants en situation de handicap, on n'est pas que 2500 concernés", assure-t-elle, appelant à la "solidarité entre les parents".

"Les structures, il n'y en a pas assez, elles sont surchargées et ça ne dérange personne, même au plus haut sommet de l'Etat", finit-elle par lâcher.

Emilie Roussey