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"Insupportables": les associations réagissent après les révélations sur le naufrage de migrants dans la Manche

Un bateau de la SNSM transportant les corps des migrants morts en traversant la Manche, arrive au port de Calais, le 24 novembre 2021

Un bateau de la SNSM transportant les corps des migrants morts en traversant la Manche, arrive au port de Calais, le 24 novembre 2021 - FRANCOIS LO PRESTI © 2019 AFP

Selon une enquête du Monde, les occupants de l'embarcation ayant fait naufrage en novembre 2021, avaient appelé de nombreuses fois les secours français. Ces derniers n'avaient pas envoyé de bateau, privilégiant un passage de relais aux Britanniques.

Plusieurs associations d'aide aux migrants ont dit ce lundi leur "consternation" après les révélations jugées "insupportables" du journal Le Monde sur les conditions du naufrage survenu en novembre 2021 dans la Manche où 27 personnes ont péri.

"Consternation"

"C'est la consternation de voir qu'il y a eu beaucoup d'énergie donnée par les deux côtés, français et britannique, pour démontrer que c'était à l'autre partie de prendre en charge le secours et le sauvetage", a commenté Lydie Arbogast, responsable des questions européennes à la Cimade, association de soutien aux migrants et réfugiés.

Celle-ci dénonce "la militarisation de cette frontière" alors que France et Royaume-Uni ont scellé ce lundi un nouvel accord contre les traversées de migrants dans la Manche.

Dans son édition en date de ce lundi, Le Monde affirme que les passagers d'un "small boat" qui a fait naufrage dans la nuit du 23 au 24 novembre 2021 dans la Manche ont appelé à une quinzaine de reprises les autorités françaises pour leur demander de l'aide. Sans succès.

"On est horrifiés"

Le journal, qui dit avoir consulté des éléments de l'enquête judiciaire menée à Paris sur ce drame, suggère en outre que les secours français ont attendu que les naufragés dérivent dans les eaux anglaises.

"On est horrifiés. Ce que cela décrit, c'est l'absence complète de coordination des opérations de sauvetage en mer et leur banalisation, qui fait que personne n'a pris la mesure du danger pour les personnes", a commenté Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d'Asile.

"On est frappés que l'accord (signé entre Paris et Londres) ne pose pas la question de la coordination des opérations de secours en mer", a-t-elle ajouté.

"Le contenu des échanges publiés est insupportable", a jugé l'association Utopia 56, qui aide les personnes exilées. "Les familles des victimes demandent à ce que la France et le Royaume-Uni reconnaissent leurs responsabilités dans ce drame".

"Les équipes du CROSS Gris Nez mettent tout en oeuvre pour sauver des vies humaines au quotidien, c'est leur crédo. Pour avoir passé une nuit avec eux, ils ont tout mon soutien", a déclaré à l'AFP le vice-amiral d'escadre Marc Véran, préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord.

"Les tristes évènements du 24 novembre dernier qui ont vu périr 27 personnes en mer sont bouleversants et font toujours l'objet d'une enquête; elle seule permettra d'établir les faits", a-t-il ajouté, en rappelant les nombreux sauvetages sous l'égide du Cross "dans une des mers les plus dangereuses du monde".

G.H. avec AFP