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"Il faut des règles draconiennes": les pêcheurs nordistes mobilisés pour préserver les fonds marins

Les pêcheurs nordistes sont prêts à modifier leurs pratiques, en mettant notamment en place la modification des engins de pêche et en renforçant les aires marines protégées.

Deux tiers de la Manche balayés par la pêche chaque année. Face aux impacts de la pêche à haute intensité et des engins trainant qui balayent les fonds marins, les pêcheurs nordistes se mobilisent pour préserver l'écosystème.

D'autant plus qu'une étude publiée par l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER) et nommée "La Manche : une mer sous pression", vient confirmer ce constat.

"Près de 20 % du trafic mondial y transite, chaque jour 700 à 800 bateaux empruntent le détroit du Pas de Calais. Sans oublier les 1 400 bateaux de pêche qui sillonnent ces eaux poissonneuses avant de rallier leurs ports d’attache, dont Boulogne-sur-Mer", explique l'étude.

Des discussions entre pays

Selon une étude baptisée "Impact des engins de Pêche sur les fonds marins et la Résilience Écologique du Milieu" (IPREM) co-portée par l’Ifremer et l’Université de Caen, 68% de la superficie de la Manche a été balayée chaque année entre 2013 et 2018. Alors, face à cette intensification, les pêcheurs doivent trouver des solutions qui favoriseraient la pêche tout en préservant l'espace naturel.

"Plus on fera en sorte que l'écosystème soit productif, plus ça sera bénéfique pour la pêche", explique Joel Vigneau, chercheur à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER) au micro de BFM Grand Littoral.

En ligne de mire notamment, "la gestion de la coquille Saint-Jacques". "Maintenant, on pêche trois fois plus de volume qu'il y a 20 ans en pêchant dix fois moins longtemps", expose le chercheur.

Désormais, les pêcheurs nordistes s'accordent à modifier leurs pratiques, en mettant notamment en place la modification des engins de pêche et en renforçant les aires marines protégées.

"Sur les maillages et les débarquements on doit être très vigilants pour avoir une ressource pérenne", explique Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches, au micro de BFM Grand Littoral.

Cependant, un barrière se dresse face à eux: la négociation avec les professionnels d'autres pays.

"Sur la senne danoise (une technique de pêche, ndlr) il faut des règles draconiennes. On essaye de négocier avec les Hollandais, mais on n'y arrive pas car on a pas du tout la même philosophie. Nous, ce sont des artisans qui pêchent pour faire un chiffre d'affaires et faire vivre une famille alors qu'eux ont la finance en ligne de mire", conlut le président du comité régional des pêches.

Florine Kurek et Martin Regley