BFM Grand Littoral
Grand Littoral

Hôtellerie-restauration, animation: le Nord et le Pas-de-Calais face à une pénurie de saisonniers

Alors que la saison estivale se profile, certains secteurs peinent à trouver des employés pour renforcer leurs effectifs. Parmi les freins identifiés: des salaires jugés trop faibles, des conditions de travail peu attractives ou encore des difficultés à se loger.

En ce jeudi de mai, la terrasse du Matisse affiche complet. Lunettes de soleil sur le nez, les clients de cette brasserie du Touquet (Pas-de-Calais) arborent un grand sourire. Prise des commandes, préparation en cuisine, règlement: le maigre staff du restaurant ne chôme pas. Et pour cause, la direction fait face à un important manque de travailleurs saisonniers.

Emma est l'une des nouvelles recrues. La jeune femme, qui officie en salle, n'a eu aucun mal à décrocher son poste.

"J'ai déposé mon CV le vendredi matin et, deux heures après, j'avais déjà un coup de téléphone pour un entretien. J'ai commencé le dimanche", rembobine-t-elle au micro de BFM Grand Littoral.

"Pénurie historique"

Ce processus de recrutement expéditif traduit une "pénurie historique" de main d'œuvre, selon Jean Terlon, le vice-président de la branche restauration de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih). Le secteur cherche encore à recruter 100.000 à 150.000 salariés supplémentaires pour la période estivale dans toute la France.

Vincent Debroucker, gérant du Matisse, espère en enrôler en urgence une dizaine pour juguler les afflux de clients amenés par le beau temps.

"On va chercher des gens alors qu'avant on avait avant de commencer la saison un flot de CV à ne plus savoir quoi en faire, constate-t-il. C'est vrai qu'il n'y a pas que des avantages à travailler en restauration, malheureusement, même si on est au Touquet et que le soleil brille six mois de l'année. C'est pour ça qu'on tend à mettre de plus en plus d'avantages, à donner des week-ends, à donner des jours de repos qui sont collés."

Horaires d'ouverture restreints, salariés formés à de nouvelles tâches...

Les salaires, les conditions de travail, la pénurie de logement (notamment dans les zones balnéaires l'été) ou les horaires sont autant de freins au recrutement auxquels font face les professionnels du secteur de l'hôtellerie-restauration.

Certains patrons se résolvent à restreindre leurs horaires d'ouverture -voire à fermer certains jours- ou à offrir une nouvelle formation à des salariés déjà présents dans l'entreprise.

Cette pénurie n'est en rien propre à l'été qui s'annonce dans le monde de l'hôtellerie et de la restauration. Mais la crise sanitaire l'a exacerbée, une importante frange des professionnels du secteur ayant souhaité donner une orientation nouvelle à leur carrière.

Si l'hôtellerie-restauration est de loin le milieu professionnel le plus touché, le commerce, la grande distribution, l'agriculture ou encore les métiers de l'animation manquent également de main d'œuvre.

8000 postes à pourvoir

À la MJC d'Halluin (Nord), les enfants et les adolescents se pressent autour des tables de tennis de table, de baby-foot ou s'adonnent à une partie de Kapla. Les animateurs se démènent pour les encadrer. Mais le manque de bras se fait tout de même ressentir. Olivier Lejeune, coordinateur jeunesse à la MJC, semble quelque peu désabusé.

"Il nous manque deux animateurs pour juillet-août pour les pré-ados/ados et il nous manque une personne en direction, relate-t-il. On se dit qu'il y a peut-être un manque d'intérêt pour ce genre de jobs, peut-être que les jeunes ont la nécessité de gagner un peu plus d'argent en allant travailler à l'usine par exemple."

L'intéressé n'exclut pas de réduire ses capacités d'accueil s'il ne parvient pas à pourvoir les postes en question.

Au total, 8000 postes de saisonniers cherchent encore preneur dans le Nord et le Pas-de-Calais. Au 29 avril, l'Umih estimait ce nombre à 270.000 à l'échelle nationale.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions