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Centrale nucléaire de Gravelines: quelles conséquences si la grève se poursuit?

En attente d'une revalorisation salariale, les professionnels de l'atome ont cessé leur activité le 13 octobre, comme dans une dizaine de sites de l'Hexagone. En conséquence, la production d'électricité est moindre et le calendrier des travaux de maintenance semble de moins en moins tenable.

Mardi, ils étaient encore plusieurs centaines à s'être réunis devant la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord. Le 11 octobre, quelque 350 salariés de la plus grande centrale d'Europe de l'ouest ont voté en faveur d'une entrée en grève pour faire entendre leurs revendications.

Entamé il y a quelques semaines dans différents sites nucléaires de l'Hexagone, le mouvement social intersyndical se poursuit aujourd'hui dans 12 d'entre eux, sur 18 au total.

À Gravelines, ce vendredi, 34% des salariés ont cessé toute activité, selon la direction de la centrale. L'impact de la grève se ressent sur la production de la centrale nucléaire, amputée de 25%, selon les calculs de Franck Redondo, secrétaire général de Force ouvrière. De son côté, la direction évoque une baisse de 13%.

Quid de l'objectif d'Emmanuel Macron?

Dans l'ensemble des sites concernés, la grève menace également d'avoir des conséquences sur le calendrier de remise en service des réacteurs. Du côté de la centrale nordiste, celle-ci a débuté le 13 octobre, soit la veille du début des travaux de maintenance sur le réacteur 4, dont la fin était initialement prévue entre Noël et le jour de l'An. Interrogé par BFM Grand Littoral, Franck Redondo anticipe d'ores et déjà des retards.

Mi-octobre, Emmanuel Macron avait affiché sur France 2 son désir de voir le nombre de réacteurs actuellement en service passer de 30 à 45 en janvier prochain, sur 56. Samedi, EDF a annoncé avoir déjà repoussé le redémarrage de cinq réacteurs.

"S'il fait très froid..."

Les mouvements de grève inquiètent également RTE, le Réseau de transport d'électricité. L'entreprise craint qu'ils aient des "conséquences lourdes" sur l'approvisionnement en énergie lorsque les températures tomberont.

"S'il fait très froid, on risque de manquer d'électricité", prévient Émeric de Vigan, vice-président en charge de l'électricité chez Kepler, avant de nuancer: "Le risque de black-out, d'effondrement du réseau, paraît assez faible".

"Mais on pourrait, dans certaines situations extrêmes, en cas de grand froid, avoir ce qu'on appelle des délestages tournants, l'électricité qui serait coupée quelques heures dans certaines régions", poursuit le spécialiste.

Revaloriser les salaires de 5%

Dans un cas de pénurie d'énergie, EDF pourrait alors prendre des mesures coercitives. "Du fait que l'électricité est un service public, (l'entreprise) obligera ses opérateurs et les salariés d'EDF qui doivent être présents sur les sites de production à revenir travailler", explicite Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au Conservatoire national des arts et métiers.

Il faudrait pour cela que les négociations entre les syndicats et la direction achoppent. Elles ont débuté ce jeudi, après une première journée de rencontres bilatérales. Pour mettre fin à la grève, les salariés de l'atome demandent une revalorisation des salaires de 5% pour compenser l'inflation.

Blandine D'alena avec Florian Bouhot