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Calais: démantèlement d'un campement de migrants, le plus important depuis celui de la "Jungle"

Un camp de migrants à Calais

Un camp de migrants à Calais - PHILIPPE HUGUEN / AFP

L'opération de démantèlement a débuté ce mardi vers 7h dans un camp où vivent entre 700 et 800 personnes.

Les forces de l'ordre ont procédé ce mardi matin à Calais au démantèlement d'un campement de migrants, où vivent entre 700 et 800 personnes. L'opération a débuté dans le calme vers 7h dans le secteur dit de "la lande de Virval", autour de l'hôpital de Calais, bouclé par les policiers et autour duquel des tentes de la Protection civile avaient été dressées.

Une vingtaine de migrants ont été conduits dans un bus vers 7h30, un deuxième est parti vers 8h. Peu après 9h, quelque 200 migrants avaient été évacués, selon la sous-préfecture et la PAF avait au même moment procédé à 21 interpellations.

"Nous voulons éviter toute concentration et point de fixation nouveaux sur Calais et cette zone du Virval sera rendue inaccessible. Nous étudions avec la maire de Calais ce qu'il sera possible de faire", a déclaré sur place le préfet du Pas-de-Calais Louis Le Franc, affirmant que cette évacuation était la plus "importante" depuis "le démantèlement de la lande de Calais", le bidonville où ont vécu jusqu'à 9000 migrants entre 2015 et 2016.

150 migrants "mis à l'abri" dans le Pas-de-Calais

"À mes yeux, c'est d'abord une opération de mise à l'abri. Les migrants vivent dans cet espace boisé dans des conditions extrêmement difficiles. (...) Il était important de sortir l'ensemble des migrants avant (...) la période hivernale", a poursuivi le préfet.

Quelque 150 migrants seront "mis à l'abri" dans le Pas-de Calais, 150 dans les autres départements des Hauts-de-France et les 500 autres acheminés dans des centres d'accueil de différentes régions. Il s'agit majoritairement d'hommes: seuls une quarantaine de femmes et enfants ont été regroupés. Principales nationalités: Somaliens, Soudanais, Iraniens, Irakiens et Érythréens.

"Notre objectif est aussi de lutter activement contre les passeurs" et "l'exploitation de la misère humaine", a insisté le préfet. Et de citer les tarifs exigés: 7000 euros pour une traversée en bateau "dans de bonnes conditions de mer", 3000 euros dans de "mauvaises".

Les associations dénoncent "une opération de communication"

Les associations ont accueilli ce démantèlement avec le plus grand scepticisme. "Ils évacuent et bouclent cette zone, les gens reviendront dans quelques jours et s'installeront un peu plus loin. On dépense des fortunes, à faire déplacer des dizaines de bus, la police, et ça ne sert strictement à rien. C'est une opération de communication rien de plus...", a déploré Maya Konforti, de l'Auberge des migrants.

"Imaginez, être réveillé à 3h00 du matin, la police partout autour de vous, on vous force à monter dans des bus pour aller dans un lieu où vous ne voulez pas aller. A la moindre occasion, ils descendront du bus, et reviendront, souvent à pied. De toute façon, ils savent que, pour la plupart, ils ne peuvent pas avoir l'asile en France, leur situation ne le permet pas. L'Angleterre, c'est juste leur dernière chance", a-t-elle encore relevé.

Les services de l'Etat estiment à un millier le nombre de migrants vivant à Calais, dans l'espoir de rejoindre l'Angleterre, les associations à 1500. Et selon la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui avait dénoncé jeudi les conditions de vie "dégradantes et inhumaines" des migrants à Calais, ils seraient de 1200 à 1500.

Par B.R. avec AFP