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Calais: des associations déposent un recours devant le Conseil d'Etat pour rétablir les distributions alimentaires

Distribution de nourriture près du port de Calais. "La Belle étoile", une association d'aide aux migrants de Calais cesse jeudi son activité pour "mettre la pression" sur l'Etat et les collectivités et les inciter à prendre le relais, a annoncé sa préside

Distribution de nourriture près du port de Calais. "La Belle étoile", une association d'aide aux migrants de Calais cesse jeudi son activité pour "mettre la pression" sur l'Etat et les collectivités et les inciter à prendre le relais, a annoncé sa préside - -

Elles contestent l'arrêté préfectoral interdisant aux associations non mandatées par l'Etat de distribuer des repas dans le centre-ville de Calais. Leur demande avait été rejetée par le tribunal administratif de Lille.

Treize ONG et associations d'aide aux migrants ont déposé ce mercredi un recours devant le Conseil d'Etat pour contester l'arrêté préfectoral leur interdisant de distribuer des repas dans le centre-ville de Calais, après le rejet de leur demande par le tribunal administratif de Lille.

"Nos organisations ont décidé de saisir immédiatement le Conseil d'Etat, (...) afin que soit consacrée l'évidente primauté du principe de fraternité, par rapport à l'incessante, cruelle et au demeurant inefficace traque, selon les termes employés par le Défenseur des droits (...), menée par l'Etat à l'encontre des personnes exilées", écrivent ces associations dans un communiqué.

Une appréciation "particulièrement contestable"

Mardi, le tribunal administratif avait rejeté leur demande, considérant qu'une association mandatée par l'Etat, La Vie active, mettait déjà de l'eau et des repas à disposition des migrants dans cette zone, et que les autres associations pouvaient poursuivre leur action "à proximité du centre ville".

"Le juge a énoncé que les distributions mises en places par l'Etat suffisaient prétendument à couvrir les besoins de l'ensemble des personnes (...) considérant que 'la circonstance que pour y accéder, les migrants installés en centre-ville depuis début août doivent parcourir trois kilomètres n'est pas de nature à caractériser des conditions de vie indignes'", regrettent les associations dans un communiqué.

"Cette appréciation est particulièrement contestable", jugent-elles, rappelant que les indicateurs humanitaires reconnus, élaborés notamment par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), "précisent par exemple, au sujet de l'eau potable, que celle-ci doit être accessible à moins de 500m des lieux de vie des personnes, les distances en cause étant en l'espèce situées entre 4 et 5 km".

Les migrants entendus lors de l'audience

Lors de l'audience, les migrants ont justement "fait part de leur épuisement et de la difficulté trop importante de faire plusieurs heures de marche quotidiennes", des témoignages "corroborés par les observations du Défenseur des droits", poursuivent les auteurs du texte.

Par ailleurs, s'il est théoriquement possible de se placer "à proximité" du centre-ville, "le harcèlement policier" est particulièrement "dissuasif", et les sanctions encourues "très lourdes", ajoutent-ils.

Dans des observations présentées au tribunal, la défenseure des Droits Claire Hédon avait elle estimé qu'"en privant les exilés de l'accès à un bien - la distribution de repas -, la mesure de police contestée est constitutive d'une discrimination fondée sur la nationalité", prohibée par la loi française.

F.B. avec AFP