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"Ça s'est dégradé depuis 2015": à Dunkerque, les salariés d'ArcelorMittal peu surpris par l'incendie

La CGT estime que l'incident du 30 mars, source de dégâts considérables dans le haut fourneau 4, découle d'un "manque d'investissement et de rénovation" de la part du groupe.

D'inquiétude, il en était question depuis plusieurs jours parmi les salariés de l'aciérie ArcelorMittal de Dunkerque (Nord). L'incendie apparu le 23 mars dans un haut fourneau, à Gijon, n'était pas passé inaperçu. Pas plus que cet incident de maintenance survenu plus récemment encore à l'usine de Fos-sur-Mer.

Alors, quand les flammes ont commencé à dévorer le plancher du haut fourneau 4 du site sidérurgique nordiste dans l'après-midi du 30 mars, la surprise n'a pas été le sentiment prédominant chez les employés.

Si les pompiers sont parvenus à juguler l'incendie en moins d'une heure, ce dernier s’est tout de même "éventré, entraînant une coulée de fonte en fusion entre 1500 et 2000°C", rapportent nos confrères du Phare dunkerquois. Au total, 150 tonnes de matière incandescente se sont répandues autour du four.

Un blessé léger

Il s'agit ni plus ni moins d'un incident industriel majeur, de l'avis de la CGT, dont les causes restent pour l'heure inconnues. "Tout ce qu'on sait, c'est qu'il y a eu un échauffement et que ça a percé", a résumé la CGT au cours d'une conférence de presse ce vendredi.

"Heureusement qu'il n'y a pas eu de dégât humain", se sont réjouit les représentants du syndicat. Seul un salarié a été touché au cours de cet incendie, sans toutefois que son cas ne nécessite d'hospitalisation.

"Au moment de l'incident, il n'y avait personne au niveau du trou de coulée. Il y aurait pu avoir deux ou trois personnes et ça aurait pu être beaucoup plus grave", insistent ces derniers.

Hors service

À en croire la CGT, la situation "s'est dégradée depuis 2015" sur le site ArcelorMittal de Dunkerque, bâti dans les années 60. Différents dysfonctionnements ont ainsi été recensés par les salariés et remontés auprès de la direction.

Ils résulteraient "d'un manque d'investissement et de rénovation", et plus largement de fiabilité. Ce qui expliquerait, poursuivent les représentants syndicaux, pourquoi l'usine n'atteignait pas ses objectifs.

Cela ne risque pas d'être le cas dans les mois à venir. Avec un diamètre de creuset de 14 mètres et une capacité de production de 10.000 tonnes, le haut fourneau 4 pèse à lui seul 70% de la production d'acier du site. Il figure parmi les plus importants (et les plus polluants) d'Europe.

La direction d'ArcelorMittal a indiqué ce vendredi que ce dernier serait hors service au minimum jusqu'au mois de mai. Et le temps que les expertises soient menées, la production restera à l'arrêt.

Vers un recours à l'activité partielle?

Quid alors des 3000 salariés en CDI, des 300 à 400 intérimaires et des 1500 à 2000 sous-traitants d'un groupe marqué par les tensions sociales et les démissions à répétition?

La direction s'est dite prête à recourir à l'activité partielle en dernier recours. Une menace aux yeux des syndicats.

"C'est bien beau mais à chaque fois, c'est toujours les mêmes qui subissent. C'est les ouvriers, les techniciens. C'est toujours les salariés qui subissent", peste Gaëtan Lecoq, secrétaire adjoint CGT, au micro de BFM Grand Littoral.

"Sortir la tête haute"

"On a des formations d'habilitation à rattraper, assure-t-on du côté du syndicat. Il y a énormément de choses à faire. Ça s'est aggravé avec le Covid."

Gaëtan Lecoq fait mine de s'interroger: "Et les milliards que M. Mittal a gagnés? Pourquoi ne pas donner quelques millions pour compenser tout ça et sortir la tête haute de cette crise qu'on subit et qu'on va subir pendant quelques semaines voire quelques mois?"

Dans ce contexte, seuls les riverains de l'usine semblent pouvoir respirer un grand coup. Aussi bien la préfecture du Nord que l'organisme Atmo ont confirmé qu'aucune retombée de polluants n'avait suivi l'incendie.

Florine Kurek avec Florian Bouhot