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Brexit: bouchons et tensions se multiplient sur l'A16 autour de Calais

Depuis plusieurs jours, les files de camion s'allongent inexorablement à l'approche du tunnel sous la Manche. Un trafic à l'arrêt qui permet aux migrants de tenter de monter à bord des poids-lourds.

Des poids-lourds immobilisés sur des kilomètres, des dizaines de migrants saisissant l'occasion pour tenter de monter à bord: pour la deuxième journée consécutive, l'anticipation du Brexit a provoqué jeudi une embolie du trafic transmanche autour de Calais.

Jusqu'à 9000 camions

A la mi-journée, six kilomètres de bouchons s'étaient formés aux abords du tunnel transmanche, tandis que les files s'étiraient sur sept kilomètres sur l'autoroute dans le Dunkerquois, a indiqué la préfecture du Nord.

Au lendemain d'une journée "de record absolu", avec près de 9000 poids-lourds à l'export, et à peu près autant dans l'autre sens, les autorités anticipaient pour jeudi un flux d'"entre 7 500 et 8 000 camions" pour le seul export, a affirmé à l'AFP Paul-François Schira, sous-préfet en charge du Brexit. A comparer avec 12.000 par jour en moyenne annuelle dans les deux sens.

Dans la matinée, la situation était "très complexe à gérer", car de nombreux poids-lourds n'ayant pas pu embarquer mercredi "se sont stationnés à proximité et se sont précipités pour tenter d'embarquer ce matin", ce qui "a immédiatement généré un embouteillage sans qu'on puisse réguler l'afflux", a détaillé Paul-François Schira.

Un CRS blessé

Les retards ont été aggravés par les tentatives de migrants de s'infiltrer dans les remorques, comme à chaque fois que des bouchons se forment aux abords des terminaux transmanche. Des heurts ont notamment été constatés par un journaliste de BFM Littoral, avec des cailloux envoyés sur les camions et des coups donnés sur les rétroviseurs.

Un CRS a par ailleurs été légèrement blessé par un migrant dans la soirée, à hauteur de la sortie du tunnel sur l'A16, rapporte La Voix du Nord. L'agent a été frappé par cet homme qu'il tentait d'évacuer.

"On n'est pas assez nombreux quand on voit les kilomètres de bouchons", a déploré Frédéric Caumartin, délégué régional adjoint CRS du syndicat Alliance Police, au micro de BFM Grand Littoral. "Les migrants s'adaptent à notre position et ils vont un peu plus loin".

Le responsable syndicat a aussi dénoncé les violences contre les conducteurs de poids-lourds lorsqu'ils essayent de s'opposer aux migrants qui tentent de monter dans leur camion.

Plus calme après le Brexit?

"Du fait de cette situation, la police aux frontières et la border force contrôlent 100% des poids-lourds", a relevé le sous-préfet. A la mi-journée, Eurotunnel annonçait ainsi "près de 8h d'attente". Mercredi, "il y a eu plus de 2 300 interventions par les CRS sur l'autoroute pour empêcher les migrants de monter dans les camions ou les faire descendre".

Dès lundi, le préfet des Hauts-de-France, Michel Lalande avait mis en garde contre une "semaine difficile avec des flux extrêmement importants", car, alors que les industriels et entreprises des deux côtés constituent des stocks en anticipation de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, "c'est l'Europe entière qui commerce avec le Royaume-Uni qui passe par la Manche".

A court terme toutefois, "parce que tout ce qui aura dû être vendu l'aura été", selon lui, la ruée pré-Brexit fait espérer un mois de janvier plus calme, un reflux bienvenu pour roder les nouveaux mécanismes douaniers.

Benjamin Rieth avec AFP Journaliste BFM Régions