Urgences saturées, triple épidémie… Les hôpitaux du Nord-Pas-de-Calais sous tension

Plusieurs médecins ont écrit à Emmanuel Macron pour formuler les "grands principes pour sauver l'hôpital".

Les autorités de santé du Nord et du Pas-de-Calais ont délivré un message clair. Face à l'explosion des cas de Covid et de grippe, les urgences sont saturées. Elles demandent donc aux Nordistes de ne pas s'y rendre sauf cas-extrême, mais plutôt de privilégier son médecin traitant.

Plus de 1.000 cas de Covid en 24 heures

Pour cause, près de 300 passages ont été enregistrés aux urgences de Valenciennes en début de semaine, soit une centaine de plus qu'habituellement. À Roubaix, l'hôpital a carrément dû ouvrir une cellule de crise dimanche dernier.

Depuis plusieurs semaines, les chiffres de l'épidémie de Covid dans le Nord et dans le Pas-de-Calais sont inquiétants. Selon Santé Publique France, le taux d'incidence dépasse toujours 550 cas pour 100.000 habitants dans le Pas-de-Calais, contre 463 dans le Nord.

Plus de 1000 cas de Covid ont été enregistrés ces dernières vingt-quatre heures dans les deux départements, 552 dans le Pas-de-Calais et 497 dans le Nord.

Le Covid-19 n'est pas la seule maladie qui touche les Nordistes en cette période de fin d'année: les cas de gastro-entérite, grippe ou encore bronchiolite pour les plus jeunes encombrent aussi les hôpitaux.

Quatre "grands principes pour sauver l'hôpital"

Cette tension se retrouve aussi à l'hôpital d'Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais. Invité de BFM Lille ce jeudi, le médecin et fondateur du collectif Santé en Danger, Arnaud Chiche a expliqué que les urgences de son hôpital avaient "battu des records d'admission ces derniers jours" et avoir dû "décaler certains autres soins qui étaient programmés depuis longtemps".

Face à cette saturation dans les hôpitaux où parfois les patients doivent attendre "six, sept, huit heures d'attente", Arnaud Chiche et plusieurs confrères ont écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron il y a deux semaines pour proposer "quatre grands principes" au chef de l'État.

Dans cette lettre, ils réclament "plus de personnel dans les hôpitaux" mais aussi de meilleurs salaires. Selon Arnaud Chiche, "le salaire des infirmiers n'est pas logique en France quand on regarde la moyenne européenne", tout en reconnaissant que le Ségur de la Santé "avait augmenté les salaires, mais pas suffisamment."

"Tant qu'on essaiera de faire des économies sur l'hôpital, on sera obligés de faire des économies de soin sur les patients, c'est-à-dire qu'on n'aura pas de place pour tout le monde", dénonce le médecin Arnaud Chiche.

Mais ces propositions, Arnaud Chiche craint qu'elle restent une nouvelle fois sans réponse, estimant que "les propositions et les solutions sont connus depuis longtemps" par l'État, mais que "l'exécutif ne les appliquent pas".

Cosima Mezidi Alem et Thibault Nadal